Dans une chronique publiée sur les réseaux sociaux, ce lundi 3 février, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé appelle à une réflexion approfondie sur les enjeux du retrait définitif du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
« Rester figés au 29 janvier serait tragique », écrit Modibo Sidibé dans son texte intitulé Chronique pour l’intégration africaine. Pour l’ancien chef du gouvernement malien, le retrait de la CEDEAO ne saurait être une fin en soi. Il doit, au contraire, constituer un déclencheur pour une réorientation stratégique du projet d’intégration ouest-africaine.
Le Mali, rappelle-t-il, a toujours été un acteur clé de cette intégration. Dès la création de la CEDEAO en 1975, le pays a contribué à façonner son cadre économique et politique. Dans les années 1990, l’organisation a su négocier un tournant démocratique, posant les bases d’une stabilité régionale.
« Affaiblir la CEDEAO ou diviser l’espace ouest-africain ne sert ni nos peuples ni nos pays », souligne Modibo Sidibé. À ses yeux, l’AES, qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ne devrait pas être envisagée comme une alternative exclusive à la CEDEAO, mais comme un levier stratégique au sein de l’espace ouest-africain.
Pour l’ancien Premier ministre, l’enjeu ne se limite pas à une confrontation institutionnelle entre les États du Sahel et l’organisation sous-régionale. Il s’agit d’une réflexion plus vaste sur l’avenir politique et économique du continent.
« Isolés, nous serons plus vulnérables. Unis, nous construirons l’avenir de notre région et de l’Afrique tout entière », insiste Modibo Sidibé, appelant à dépasser les postures de rupture pour privilégier un dialogue inclusif.
Il plaide ainsi pour une reconquête collective de la souveraineté africaine, qui ne saurait se limiter aux seuls aspects militaires et politiques, mais doit également englober les dimensions économiques et intellectuelles. Ce projet, selon lui, doit se construire avec une vision panafricaniste renouvelée, reposant sur des institutions plus fortes et plus légitimes.
Alors que l’organisation régionale s’apprête à célébrer son cinquantième anniversaire, Modibo Sidibé estime que cet événement devrait être l’occasion d’une refondation en profondeur. Il appelle à une remise en question collective, impliquant non seulement les États membres, mais aussi la société civile et les citoyens.
« La CEDEAO n’est pas qu’un simple cadre institutionnel. Elle est l’héritière de liens humains, historiques et culturels profonds », rappelle-t-il, évoquant un espace façonné par de grands empires et de grandes figures de l’histoire africaine. Plutôt que de rompre avec cet héritage, il exhorte à en faire un moteur pour une Afrique de l’Ouest plus souveraine et solidaire.
Pour Modibo Sidibé, la voie est claire : il ne s’agit pas de tourner le dos à l’intégration régionale, mais de la repenser, avec audace et lucidité. « Voilà ce qui sied au Mali et à ses générations de patriotes panafricanistes », conclut la chronique de l’ancien Premier ministre
D. Diarra