Avec l’annonce officielle de la candidature de Me Malick Coulibaly à l’élection présidentielle malienne, portée par la plateforme Tignè ni Danbé, un vent de renouveau semble souffler sur la scène politique nationale. Mais à quel point cet ancien ministre de la Justice, connu pour son intégrité et son combat contre la corruption, peut-il véritablement incarner l’alternance politique espérée par de nombreux Maliens ?
Lors du lancement de ses activités, le 11 janvier 2025, la plateforme Tignè ni Danbé s’est présentée comme un vaste mouvement citoyen fédérant plus d’une centaine d’associations. Ses membres affirment vouloir restaurer l’espoir en s’appuyant sur des valeurs éthiques, des principes que beaucoup estiment en déclin dans le paysage politique malien. L’image de probité et de rigueur morale que véhicule Me Coulibaly, forgée notamment lors de son passage au ministère de la Justice, joue ici un rôle central.
Cependant, si les discours mettent en avant les qualités personnelles du candidat, l’interrogation demeure : cette intégrité sera-t-elle suffisante pour fédérer une base électorale solide et affronter les poids lourds de la politique malienne ? Car si Me Malick Coulibaly s’est distingué par son intransigeance face à la corruption, son expérience au sein du gouvernement lui a également valu des critiques, certains lui reprochant un manque de pragmatisme face à des défis institutionnels complexes.
De plus, dans un contexte marqué par une méfiance généralisée envers les élites politiques, la promesse d’une politique fondée sur les valeurs éthiques suffira-t-elle à capter l’attention d’un électorat désabusé ?
La plateforme Tignè ni Danbé, qui s’investit dans une campagne à l’échelle nationale et dans la diaspora, affiche des ambitions notables. Toutefois, son influence réelle reste difficile à évaluer. Si son coordinateur, Issa Macalou, insiste sur le maillage territorial déjà en place, rien ne garantit que cet effort sera suffisant pour concurrencer les appareils politiques traditionnels, mieux structurés et souvent soutenus par des moyens financiers considérables.
En outre, le soutien affiché par des figures comme Mme Touré Hawa Kepkilé, au nom des femmes, ou encore la mobilisation en Europe ne masquent pas l’absence, pour l’instant, d’un programme politique détaillé. Si les idéaux portés par Me Coulibaly séduisent sur le plan moral, le manque de propositions concrètes sur des sujets aussi cruciaux que la sécurité, l’économie ou la réforme de l’État pourrait limiter son attrait auprès des électeurs.
L’émergence de Me Malick Coulibaly sur la scène présidentielle soulève une autre question fondamentale. Le Mali est-il prêt à confier son avenir à une figure perçue comme un homme de principes, mais dont la capacité à manœuvrer dans un environnement politique complexe reste à prouver ?
Dans une course qui s’annonce âpre, marquée par des alliances stratégiques et des campagnes coûteuses, Me Coulibaly parviendra-t-il à transcender les clivages et à incarner le changement qu’il promet ? Si son parcours inspire confiance à certains, il lui faudra encore démontrer qu’il peut transformer cette image en une dynamique électorale victorieuse.
L’élection présidentielle de 2025 s’annonce, à bien des égards, comme un test de la capacité des Maliens à choisir une voie nouvelle, mais aussi pour Me Coulibaly de prouver que l’intégrité peut être un levier politique efficace, et non une simple posture.
La Rédaction