L’industrie de l’escorte, qu’elle concerne des filles ou des garçons, reste souvent dans l’ombre, bien que de nombreuses personnes y aient recours ou en fassent partie. Si certains y voient une activité lucrative, d’autres en sortent marqués, avec des expériences et des émotions complexes.
Contrairement à la prostitution, le service d’escorte met généralement en avant l’aspect de l’accompagnement et ne garantit pas explicitement de services sexuels.
Derrière l’image glamour de l’escorte se cachent des réalités humaines profondes, où se mêlent exploitation, recherche de validation, et parfois désespoir. Pourquoi certaines personnes choisissent-elles cette voie ? Quelles sont leurs véritables motivations ? Et quels sont les impacts psychologiques et émotionnels de cette vie ?
Pour beaucoup d’escortes, la décision de se lancer dans cette activité est d’abord dictée par un besoin immédiat de ressources financières. Cependant, au-delà de l’aspect économique, se cache souvent une quête de pouvoir, de reconnaissance, voire de validation sociale et personnelle. Dans un monde où l’apparence et l’attention semblent tout régir, certains jeunes choisissent cette voie pour se sentir désirés ou influents.
« Je venais d’une famille modeste et je n’avais pas les moyens de poursuivre mes études. J’ai vu des filles qui avaient tout ce qu’elles voulaient : des vêtements, des voyages. Un jour, un homme m’a proposé de l’argent en échange de quelques heures de ma compagnie », témoigne F. Sidibé. Au début, explique-t-elle « j’étais réticente, mais l’idée de pouvoir m’offrir ce que je n’avais jamais eu m’a attirée. C’est devenu plus qu’une transaction. c’était un moyen de sentir que je comptais »
Certains jeunes garçons et filles choisissent de devenir escortes pour fuir une vie qu’ils jugent insupportable, que ce soit à cause de la pauvreté, de relations familiales toxiques ou de problèmes personnels. Devenir Escort peut sembler une échappatoire, une manière d’accéder à un mode de vie plus séduisant ou plus sécurisé. Mais ce chemin est souvent semé d’embûches et peut engendrer plus de souffrance que de réconfort.
« Je ne savais pas quoi faire de ma vie après avoir quitté la maison familiale. Mon père était absent, ma mère malade, et je n’avais aucune perspective. On m’a proposé de devenir Escort », précise M.M qui ajoute « l’argent est arrivé vite, mais l’isolement, la solitude, et cette impression constante de ne pas être un véritable humain, mais juste un produit, m’ont hanté. Il y a des jours où je voudrais tout effacer ».
Les escortes, qu’elles soient hommes ou femmes, font face à un véritable dilemme émotionnel et psychologique. Si au début, l’activité peut sembler être un simple travail, au fil du temps, elle peut laisser des séquelles : perte d’estime de soi, sentiment de déshumanisation, ainsi qu’une gestion difficile des émotions. L’impression d’être pris pour un objet, et non pour une personne, peut entraîner une dégradation de la santé mentale.
Au début, Anne Marie Léa, a aussi cru que c’était un moyen facile de gagner sa vie, mais au bout de quelques mois, ça a changé. « Je me suis retrouvée à donner mon corps à des inconnus, à chercher leur validation tout en perdant la mienne. Les hommes me demandaient toujours plus. Je ne savais plus qui j’étais, si j’étais une personne ou un objet. C’est lourd à porter », regrette la jeune fille de 28 ans.
La stigmatisation sociale autour du métier d’escorte est également un facteur déterminant dans la souffrance des individus qui l’exercent. Beaucoup d’escortes se retrouvent prises dans un cercle vicieux où, à la fois, la société les rejette et elles se retrouvent de plus en plus déconnectées de leur propre identité. Le manque de soutien, l’isolement, et le sentiment de honte viennent exacerber le poids de cette activité.
Abdoul Kadher Sangaré pensait au début que c’était juste un job. Mais avec le temps, il s’est rendu compte que les gens lui regardaient différemment. « Mes amis se sont éloignés, ma famille m’a rejeté. J’ai l’impression de ne plus exister pour le monde, juste d’être un produit, une marchandise. C’est ça la réalité : tu donnes tout de toi et tu n’es jamais assez », déplore cet escorte boy.
En outre L’industrie de l’escorte ne disparaît pas simplement, et ceux qui y participent ont besoin de soutien pour sortir de cette spirale. Les témoignages partagés ici montrent à quel point il est crucial d’offrir un accompagnement à ces jeunes gens.
A. Tindé