La situation chaotique qui prévaut actuellement dans la ville de Goma, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), illustre une fois de plus la complexité du conflit qui ravage cette région depuis des décennies. L’entrée des rebelles du M23 dans la ville, appuyés selon Kinshasa par des forces rwandaises, pose non seulement un défi sécuritaire majeur pour le gouvernement congolais, mais remet aussi en question l’efficacité des mécanismes de paix régionaux et internationaux.
Depuis des années, l’Est de la RDC est le théâtre d’affrontements récurrents impliquant une multitude d’acteurs : groupes rebelles, forces armées congolaises (FARDC), contingents étrangers, et milices locales. Le récent regain de violence met en évidence l’incapacité persistante des autorités congolaises à pacifier la région, mais aussi l’échec des engagements pris par l’Union africaine (UA) et la communauté internationale pour trouver une solution durable.
L’Union africaine, qui se veut garante de la paix et de la stabilité sur le continent, est aujourd’hui confrontée à une urgence qui exige plus que de simples déclarations de condamnation. La session d’urgence annoncée par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA est un pas nécessaire, mais insuffisant face à l’escalade de la violence. Il est impératif que l’organisation prenne des mesures concrètes, notamment en renforçant la coopération militaire régionale, en exerçant une pression diplomatique sur les pays voisins impliqués, et en soutenant des initiatives de médiation inclusives qui tiennent compte des réalités locales.
De son côté, la communauté internationale, notamment les Nations Unies et les grandes puissances, porte également une part de responsabilité dans la détérioration de la situation. La Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), présente depuis plus de deux décennies, peine à contenir les violences, suscitant de vives critiques quant à son efficacité. Par ailleurs, les efforts diplomatiques internationaux se heurtent souvent à des intérêts géopolitiques divergents, laissant la RDC dans un cycle de crises récurrentes sans perspectives claires de sortie.
La guerre dans l’Est de la RDC ne peut plus être considérée comme un simple conflit local. Elle est le reflet des tensions régionales plus larges impliquant des rivalités économiques, politiques et sécuritaires entre différents États et groupes armés. La stabilisation de cette région stratégique nécessite une approche globale combinant des efforts militaires, diplomatiques et socio-économiques.
Si l’Union africaine et la communauté internationale ne parviennent pas à agir avec détermination et impartialité, la situation risque d’empirer, aggravant la crise humanitaire qui frappe déjà des millions de civils déplacés et menacés par les violences. Goma est aujourd’hui une ville sous tension, mais elle est aussi le symbole de l’urgence d’une réponse collective efficace et coordonnée.
B. Sangaré
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