Selon plusieurs médias guinéens, une mission des Nations Unies a séjourné en Guinée, du 4 au 15 novembre 2024, pour évaluer les besoins électoraux du pays et analyser l’état d’avancement du processus de transition politique.
Pendant une dizaine de jours, la mission a rencontré des membres du gouvernement, des représentants des institutions républicaines ainsi que des acteurs de la société civile et des partis politiques. L’objectif principal était d’examiner l’environnement institutionnel, sécuritaire, juridique et technique du pays, d’identifier les besoins des parties prenantes aux élections et d’évaluer la capacité des Nations Unies à apporter une assistance électorale efficace.
Cependant, le rapport de cette mission, publié le 10 janvier 2025, dresse un constat préoccupant de la situation en Guinée. Il souligne un effritement inquiétant de la cohésion sociale, une détérioration des conditions de vie, ainsi qu’un resserrement de l’espace démocratique et civique, caractérisé par une répression accrue des voix dissidentes.
Selon le rapport, les principales étapes de la transition politique ne sont toujours pas respectées, et l’absence de clarté sur le calendrier du retour à l’ordre constitutionnel suscite des tensions croissantes. La participation éventuelle des dirigeants de la transition à une future élection présidentielle, le manque de consensus sur la nouvelle constitution, ainsi que les défis socio-économiques persistants nourrissent un mécontentement généralisé au sein de la population.
Le rapport met également en lumière la dissolution d’une cinquantaine de partis politiques et la suspension de plusieurs autres sous prétexte de conformité avec les lois en vigueur. Cette situation suscite des craintes quant à un possible retour à une fermeture du paysage politique, alors même que le coup d’État du 5 septembre 2021 avait initialement été perçu comme une opportunité de réouverture démocratique.
En outre, la mission onusienne dénonce une recrudescence des répressions contre les opposants politiques, marquée par des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et une utilisation excessive de la force par les autorités sécuritaires. La restriction des libertés fondamentales, notamment la fermeture de plusieurs médias audiovisuels privés et l’érosion de la liberté d’expression, contribue à l’instauration d’un climat de peur généralisé parmi les acteurs politiques et la société civile.
Malgré ce constat alarmant, la mission des Nations Unies estime que la Guinée peut encore inverser la tendance à condition que des mesures urgentes soient prises. Parmi les recommandations formulées :
Clarification du calendrier de la transition, afin de rassurer la population et les acteurs politiques sur le retour à l’ordre constitutionnel , levée des restrictions sur l’espace civique et politique, incluant la réouverture des médias indépendants et la libération des opposants politiques détenus, promotion de mesures de réconciliation nationale, telles que la libération des figures politiques en détention ou leur retour d’exil volontaire, renforcement de la communication gouvernementale, pour assurer une transparence sur la gestion de la transition et l’organisation des élections à venir.
Ces recommandations visent à restaurer la confiance entre les autorités et la population, tout en facilitant un retour progressif vers une gouvernance démocratique et inclusive.
La mission onusienne met en garde contre une détérioration accrue du climat politique et social en Guinée si les réformes nécessaires ne sont pas rapidement engagées. Le gouvernement est ainsi invité à prendre des mesures fortes pour restaurer la stabilité et garantir un processus électoral crédible et transparent.
La Rédaction