Il était l’un des derniers grands maîtres du cinéma africain. Souleymane Cissé, réalisateur malien célébré à travers le monde, est décédé ce mercredi 19 février, laissant derrière lui une œuvre à la fois engagée et profondément ancrée dans les réalités de son temps.
Né en 1940 à Bamako, il fait ses premières armes dans le cinéma après des études à Moscou, où il se forme à la réalisation. Très tôt, son regard se pose sur les contradictions sociales de son pays et du continent. Ses films, souvent empreints d’une réflexion politique et philosophique, interrogent les tensions entre tradition et modernité, pouvoir et liberté, destin individuel et collectif.
Son talent est reconnu dès la fin des années 1970. En 1978, Bara, qui dépeint le combat syndical et les injustices sociales, lui vaut l’Étalon d’or de Yennenga au FESPACO. Deux ans plus tard, il récidive avec Finyé, portrait incisif d’une jeunesse malienne en quête d’émancipation. Mais c’est en 1987 qu’il accède à une notoriété internationale avec Yeelen (La Lumière), conte initiatique aux accents mystiques, qui remporte le Prix du Jury au Festival de Cannes. Un exploit pour un film tourné en langue bambara et enraciné dans la cosmogonie mandingue.
Cinéaste exigeant, il prend son temps pour réaliser ses œuvres, refusant tout compromis avec les logiques industrielles. Waati (1995) et Oka (2015) confirment sa fidélité à un cinéma de sens et de mémoire. Son engagement pour la liberté d’expression l’amène à créer l’Union nationale des cinéastes du Mali, militante d’une indépendance artistique face aux pressions politiques.
En 2023, le Festival de Cannes lui rend hommage en lui décernant le Carrosse d’or, distinction honorifique remise par la Société des Réalisateurs de Films. Quelques mois plus tard, il est célébré à Banjul par la mission médicale Sunu Reew.
La Rédaction
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