Dans le cadre des activités de la Semaine Learn and Enjoy, ISPRIC a organisé pour ses apprenants un voyage découverte sur Kangaba et Kéla, ce jeudi, 25 avril 2024. Cette odyssée s’inscrit dans la volonté de l’institut d’offrir aux organisations publiques et privées des hardworkers passionnés de challenge et des défis avec un goût particulier pour l’éveil et la curiosité intellectuelle.
Il est 07h00 à ISPRIC. La cour est prise d’assaut par des apprenants majoritairement chaussés en basket. Vêtus des polos aux couleurs de l’univers des experts et portant des sacoches au dos, ils étaient heureux d’aller découvrir les richesses culturelles des cités mandingues. À cette occasion, le personnel administratif était surtout mobilisé pour donner les dernières consignes à tenir pour le voyage.
À 08h, des bus de la compagnie DIARRA Transport, en file indienne, mis à disposition par la Direction ISPRIC, prennent le chemin du Mandé. Au sortir de Sébénikoro, les plaines au bord de la route nous offrent un spectacle de vol d’oiseaux. Des tourterelles et des pigeons sauvages sautillent devant le regard charmeur du chauffeur. Dans les bus, l’ambiance est électrique. Les voyages de découverte de ISPRIC constituent des moments d’allégresse où les Ispriciens partagent des expériences inoubliables de la vie universitaire. À travers ces contacts, se tissent des relations amicales, académiques voire professionnelles. En plus, ils permettent de développer des sentiments d’appartenance à un même groupe, de vivre ensemble et des valeurs d’utilité sociale.
Après quelques heures de trajet, sous un soleil de plomb, les bus s’amassent vers le village mythique de Kéla. Village où l’on enseigne les règles de l’oralité. C’est également le village des Touramakan. En cette période de saison sèche, les arbres ont défleuri. Kéla est fortement riche en terres arabes. Partout, on voyait des vendeurs ambulant avec des récipients remplis de mangues.
À leur arrivée, les Ispriciens ont été accueillis par le guide, Bamory DIABATÉ. Homme d’une taille imposante, habillé en boubou feutre, il a une voix grave. Monsieur DIABATÉ est chargé de conduire les visiteurs du jour sur les sites touristiques de Kéla.
Première étape. Les baobabs sacrés.
Le village de Kéla est reconnu pour son importante place dans la sauvegarde des valeurs orales africaines. En effet, depuis plusieurs générations, les DIABATÉ transmettent oralement les gestes des rois du Mandé. Ils constituent la mémoire collective de la cité. D’où le choix de Kéla pour la semaine Learn and Enjoy de ISPRIC.
Accompagnés de Monsieur DIABATÉ, les Ispriciens apprennent les pages glorieuses du passé de Kéla, dont l’histoire du baobab sacré. Selon le guide, ce baobab retrace l’histoire du couple de Nanibogan et Nanakani. En effet, les deux baobabs ont germé sur les tombes de ces conjoints. Décédés en l’espace de deux jours, Nanibogan et Nanakani ont été inhumés dans le village de Kéla. Au bout de quelques mois, les villageois ont constaté qu’un baobab a poussé sur chacune des tombes. Traditionnellement, on explique cet acte sous l’angle de la matérialisation de l’amour et la confiance qui régnaient dans le couple. Métaphore d’une réussite de vie conjugale, ces plantes ont, depuis cette date, bénéficier d’une considération mystique de la part des populations. De nos jours, de centaines de personnes se rendent quotidiennement à Kéla pour voir ces baobabs sacrés.
Aller à l’école de l’oralité, c’est sortir de sa zone de confort. Après cette étape cruciale de la découverte des baobabs sacrés, les apprenants ISPRIC se sont dirigés vers le puits sacré. Couvert d’une dalle, ce puits est plus vieux que le village de Kéla, nous dit-on. Pour les autochtones, c’est un héritage séculaire. Avant sa modernisation, c’est lui qui assurait l’alimentation du village en eau. La sacralité du puits se lit dans l’existence, en sa profondeur, d’une roche gravie aux lettres arabes. En outre, il est intarissable. Se laver avec l’eau de ce puits vous arme contre tout sacrilège et vous protège des mauvais yeux, rappelle Monsieur DIABATÉ.
L’objectif de ces visites touristiques est d’offrir aux apprenants des opportunités pour acquérir des connaissances sur les valeurs culturelles du Mali. Avec pour ambition de former des élites porteuses de solutions et d’innovations au bénéfice de nos organisations publiques et privées, ISPRIC ambitionne d’outiller les apprenants d’expériences pratiques. Désormais, il s’agit d’aller vers des fleuves de connaissances qui dorment dans les localités reculées du pays. L’apprenant est appelé à mener des recherches sur sa cité. Monsieur Cheickna TRAORE, Assistant Relations Sociales et Animation de la Vie Universitaire de ISPRIC dévoile le but de cette découverte locale : « Le fait d’amener les apprenants dans des localités éloignées des grandes villes, de visiter des sites touristiques, des lieux qui retracent l’histoire de notre pays, de notre continent leur permet de se faire un bagage en culture générale. »
Pour comprendre l’histoire des Touramakan, nous avons été accueillis par les descendants du vainqueur du roi du Djolof. Âgé d’une soixantaine d’années, le chef de village de Kéla, Karamako DIAWARA, a offert l’hospitalité aux hôtes du jour. Représentant de la famille DIAWARA, il était très ému de recevoir des jeunes apprenants ISPRIC, engagés dans la quête du savoir. Cela témoigne de l’intérêt accordé par les Ispriciens à la réintégration des valeurs ancestrales dans la reconstruction du Mali. « Aujourd’hui, je constate que les jeunes cherchent à savoir d’où ils viennent. Cela dénote de leur patriotisme et de leur volonté d’aller au-delà des mythes sur notre culture. C’est pourquoi, je vais vous montrer le sabre de Touramakan. Sa sacralité nous oblige à ne pas le montrer à tous les visiteurs. D’ailleurs, certains autochtones n’ont pas eu la chance d’apercevoir cette épée. Il est à retenir que c’est ce sabre qui a permis de couper la tête du roi du Djolof. Donc, c’est quelque chose d’important pour nous, peuple du Mandé. Ainsi, le voir est un privilège pour vous. J’estime que vous allez faire connaître cette histoire dans les plus grandes universités du monde car il faut transmettre aux futures générations les pages précieuses de notre histoire. », précise-t-il. Un tonnerre d’applaudissements retentit pour saluer ces mots teintés de sagesse.
Par ailleurs, pendant toute la soirée, les Ispriciens se sont amusés dans une partie de soirée dansante.
Deuxième étape. Kangaba.
Après avoir passé la première journée sur les traces de Touramakan à Kéla, les Ispriciens s’intéressent, ce vendredi matin, aux attractions touristiques de Kangaba. Localement appelé Kaba, cette ville fondatrice de l’empire du Mali accueille le plus important site de l’histoire du Mandé, à savoir le Kouroukan fouga. En effet, après la bataille de Kirina remportée par le fils de Sogolon Kédjou, Soundjata KEITA, les douze familles du Mandé se sont retrouvées sur le fouga de Kangaba. C’est sur cette vaste étendue que l’organisation socio-économique de l’empire du Mali a été établie. Cela a abouti à la Charte de Kouroukanfouga, un texte considéré, par plusieurs chercheurs du monde, comme le socle de l’Organisation des Nations unies (ONU).
En outre, visiter cet endroit hautement symbolique dans l’histoire de l’humanité renforce la culture générale des apprenants ISPRIC. Ainsi, ils seront dotés de connaissances, indispensables pour comprendre les enjeux des mutations sociales. « Le monde est vieux, mais l’avenir sort du passé », écrit Djibril Tamsir NIANE, l’auteur de Soundjata ou l’épopée mandingue.
Monsieur BERTHÉ, guide du jour, nous explique l’importance de ce site. « C’est ici que se sont réunies les familles du Mandé pour réfléchir à l’organisation socio-politique de l’empire du Mali, après la bataille de Kirina en 1235. Ce site constitue un patrimoine mondial pour l’humanité. Visiter Kouroukanfouga vous permet de vous ressourcer sur l’histoire de votre culture. C’est une façon d’apprendre autrement. » renchérit-il.
Ce voyage instructif a été bien accueilli par les Ispriciens. Rokia DIARRA, apprenante en Licence 1, Sciences Juridiques nous extériorise sa joie : « Je suis très contente de venir à Kangaba, la ville qui a vu la naissance du premier texte fondateur du système de démocratie. Cela m’a permis d’approfondir mes connaissances sur le Mali et l’Afrique. »
Même son de cloche chez Seydou GAKOU, auditeur en master Droit de l’Homme qui estime que la visite des sites touristiques élargit les champs d’apprentissage des jeunes. « C’est un voyage qui nous a permis de sortir du cadre universitaire, d’apprendre de nos valeurs culturelles et de découvrir de nouveaux horizons. Nous avons appris d’énormes choses, notamment l’histoire des baobabs sacrés de Kéla, du sabre de Touramakan, de Kouroukanfouga. », affirme-t-il à notre micro.
La journée a été clôturée par une partie de piscine afin de finir le voyage dans l’allégresse. La semaine Learn and Enjoy, une opportunité pour découvrir de nouveaux horizons. ISPRIC, l’institut pour se former afin de relever des défis.
Djibril BAH
Chargé de communication de ISPRIC, l’univers des experts.