L’ancien Chef de la Mission d’Appui de la Refondation de l’Etat, un acteur majeur de la Refondation de l’Etat, le Professeur Oumar MC KONÉ, formule à travers cet article sa vision sur la résorption de la crise énergétique au Mali. Limogé au mois de mai 2024 par l’ancien ministre de la Refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga, le Professeur KONÉ poursuit ses réflexions pour soutenir les actions de la Refondation de l’Etat en cours sous le leadership du Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Général d’Armée Assimi GOÏTA.
Comment résoudre la crise d’électricité dans un état soumis à de multiples défis et enjeux en Afrique de l’ouest.
Afin de faire face aux coupures d’électricité intempestives, plusieurs dispositions urgentes doivent être mises en place. Tout d’abord, il est indispensable d’évaluer la situation actuelle du réseau électrique et d’identifier les causes principales des pannes. Cela peut inclure l’amélioration des infrastructures existantes, comme les lignes de transmission et les centrales électriques. Un inventaire des équipements et des installations critiques doit être réalisé pour déterminer les priorités.
Deuxièmement, il est essentiel de diversifier les sources de production d’électricité. Cela pourrait impliquer d’investir dans les énergies renouvelables telles que le solaire, l’éolien et l’hydraulique, afin de réduire la dépendance aux combustibles fossiles. De plus, la mise en place de partenariats public-privé pourrait considérablement accélérer ces investissements. En parallèle, il faudrait établir des projets de micro-réseaux pour desservir les zones rurales et périurbaines, offrant ainsi une solution plus résiliente et adaptable.
Pour améliorer fortement la production et le transport du courant électrique, il est crucial de moderniser le réseau électrique en intégrant des technologies intelligentes. Cela permettrait non seulement de surveiller la consommation en temps réel mais également d’optimiser la distribution d’électricité. En outre, la formation et le développement des compétences des techniciens et ingénieurs locaux doivent être renforcés pour assurer un bon entretien des infrastructures.
Enfin, pour soutenir la consommation des industries, un cadre réglementaire attractif pour les industriels doit être établi, incluant des tarifs compétitifs pour l’électricité. Des incitations fiscales pourraient également être proposées pour les entreprises qui investissent dans des technologies énergétiquement efficaces. De plus, il est essentiel de renforcer les services d’accompagnement pour aider les industries à faire face aux fluctuations du réseau électrique, en intégrant des systèmes de sauvegarde et de stockage d’énergie.
En résumé, pour surmonter la crise d’électricité dans un état de l’Afrique de l’Ouest, il est impératif de mettre en œuvre des solutions urgentes et durables qui favorisent à la fois la production et la consommation d’électricité tout en garantissant la pérennité des infrastructures.
Solutions rapides et efficaces pour résoudre la crise énergétique au Mali
Depuis trois ans, le Mali est en proie à une crise énergétique sans précédent, exacerbée par une série de facteurs tels que la mauvaise gestion, le vol de carburant, l’absence d’entretien des infrastructures et manque de compétences parmi les agents. Pour faire face à cette situation critique, il est impératif d’adopter des solutions rapides et efficaces. Voici quelques recommandations :
- Renforcement de la sécurité des installations :
Mettre en place des systèmes de sécurité robustes autour des centrales thermiques et des barrages hydroélectriques pour prévenir le vol de carburant et d’équipements. - Amélioration de la gestion et de la transparence :
Établir une gouvernance claire et transparente dans la gestion des ressources énergétiques. Cela inclut la mise en œuvre d’audits réguliers pour identifier les dysfonctionnements et garantir un usage optimal des ressources. - Formation et recrutement de personnel qualifié :
Investir dans la formation des agents du secteur énergétique et recruter des professionnels compétents pour renforcer les équipes en charge de l’entretien et de la gestion des infrastructures. - Maintenance préventive des infrastructures :
Élaborer un plan d’entretien régulier des centrales et des barrages afin de garantir leur bon fonctionnement et d’éviter des pannes prolongées. - Diversification des sources d’énergie :
Encourager le développement de sources d’énergie renouvelable, comme l’énergie solaire et éolienne. Le Mali dispose d’un potentiel important dans ces domaines, et une telle diversification pourrait réduire la dépendance aux combustibles fossiles. - Sensibilisation et implication communautaire :
Impliquer les communautés locales dans la gestion de l’énergie et sensibiliser les populations sur l’importance de la conservation de l’énergie. Cela peut inclure des programmes éducatifs et des incitations à des pratiques plus durables. - Partenariats public-privé :
Faciliter les investissements privés dans le secteur énergétique par la création d’un cadre réglementaire propice. Cela pourrait attirer des investisseurs intéressés par des projets d’infrastructure et de production d’électricité. - Planification à long terme :
Élaborer une politique nationale claire pour la production et la fourniture d’électricité, prenant en compte l’augmentation de la population et les besoins futurs en électricité. - Utilisation de technologies innovantes :
Intégrer des solutions technologiques qui permettent une meilleure gestion de la demande en électricité, comme les compteurs intelligents et les systèmes de gestion de l’énergie.
En mettant en œuvre ces solutions avec détermination et efficacité, le Mali pourra non seulement atténuer sa crise énergétique actuelle, mais aussi poser les fondements d’un avenir énergétique durable et fiable.
Stratégies pour Répondre à la Crise Énergétique au Mali : Vers une Diversification des Sources et un Renforcement des Infrastructures
La crise énergétique au Mali est un défi majeur qui affecte non seulement l’économie du pays, mais aussi la vie quotidienne de millions de personnes de Maliens. Face aux enjeux de développement durable, de croissance économique et d’amélioration des conditions de vie, il devient impératif de repenser notre approche en matière de production et de distribution d’énergie. Une stratégie efficace doit se baser sur deux axes principaux : la remise en état des infrastructures existantes et la diversification des sources de production d’énergie.
- Remise en État des Infrastructures Existantes
Le premier pas vers une solution viable réside dans l’évaluation et la réhabilitation des infrastructures énergétiques déjà en place. Beaucoup de centrales électriques et de réseaux de distribution souffrent d’un manque d’entretien, ce qui entraîne des pertes importantes et une réduction de l’efficacité du système. Un plan national de remise à niveau des infrastructures devrait être élaboré, prenant en compte les priorités régionales et les besoins spécifiques des populations.
Pour réussir cette démarche, il est crucial d’impliquer les autorités compétentes à tous les niveaux, depuis les ministères jusqu’aux collectivités locales. La transparence et la coordination entre les différentes parties garantiront une meilleure allocation des ressources et une mise en œuvre plus efficace des projets de réhabilitation.
- Diversification des sources de production d’énergie
La diversification des sources de production d’énergie apparaît comme un élément fondamental pour mettre fin à la crise énergétique. Actuellement, le Mali dépend largement de quelques sources conventionnelles, principalement basées sur le fossile et l’hydraulique. En intégrant des sources d’énergie renouvelables telles que le solaire, l’éolien et la biomasse, le pays peut non seulement réduire sa vulnérabilité aux fluctuations des marchés mondiaux des combustibles fossiles, mais aussi créer des opportunités d’emploi et stimuler l’innovation technologique.
Le potentiel solaire du Mali est immense, avec des journées ensoleillées presque toute l’année. Mobiliser des investissements dans des projets solaires à grande échelle, mais aussi encourager l’utilisation de panneaux solaires domestiques, pourrait transformer le paysage énergétique du pays. Les projets communautaires de microgrids, (1) qui utilisent des énergies renouvelables décentralisées, pourraient également jouer un rôle crucial dans l’accès à l’électricité dans les zones rurales.
- Élaboration d’une Stratégie Nationale Partagée
Une stratégie nationale de fourniture d’électricité doit être définie et partagée avec toutes les parties prenantes, notamment les experts en énergie, les entreprises locales et la société civile. Cette stratégie doit être inclusive et tenir compte des réalités et des besoins spécifiques des communautés. De plus, les Maliens établis à l’étranger, qui possèdent des compétences techniques et managériales précieuses dans le secteur de l’énergie, devraient être intégrés à l’équipe de conception de cette stratégie. Leur expertise permet d’enrichir le processus de réflexion et d’élargir le champ des possibles.
Un cadre législatif et réglementaire clair doit également être mis en place pour favoriser l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables. Cela inclut des incitations fiscales pour les investisseurs, ainsi que des partenariats public-privé qui pourraient faciliter la mise en œuvre de projets innovants.
- Importance de la Sensibilisation et de l’Éducation
Enfin, la sensibilisation des citoyens et l’éducation sur les enjeux énergétiques sont essentielles. Les Maliens doivent être informés des avantages des énergies renouvelables, non seulement pour leur impact positif sur l’environnement, mais aussi pour leur capacité à réduire les coûts à long terme. Des campagnes de sensibilisation efficaces peuvent encourager les comportements économes en énergie et promouvoir l’adoption de technologies de production d’énergie renouvelable.
- Création d’un comité stratégique dans le domaine de l’énergie
Comité Indépendant Stratégique Opérationnel de Renforcement de l’Energie au Mali, CISOREM
La structure devrait être ancrée auprès de la présidence de la République
La structure doit proposer des solutions opérationnelles urgentes pour améliorer de façon visible la fourniture d’électricité au Mali et consolider la distribution d’électricité sur tout le territoire national.
6 Composition du Comité :
Directeur ou Coordinateur général, placé directement sous l’autorité du Chef de l’Etat
Experts, (ingénieurs en électricité dont 5 en énergies renouvelables)
Architectes en conception et réalisation
Géographe environnementaliste
Ingénieurs en génie civil
Ingénieurs technico-commerciaux en industrie et service
Ingénieur informatique
Dessinateurs
Chefs de chantier
Personnel d’appui
Gestionnaire-comptable
Chauffeurs
Gardiens
7 Les Missions de la structure :
• Audit sur la production et le transport de l’électricité,
• Audit sur le budget de fonctionnement d’EDM
• Audit sur les compétences des salariés de EDM
• Définition des axes stratégiques
• Elaboration du Plan d’actions du renforcement de la production et la fourniture d’électricité au Mali
• Opérationnalisation des projets retenus sur le territoire national
• Suivi de la mise en œuvre des projets
Le comité sera en étroite collaboration avec EDM pour :
- installation de systèmes solaires reliés à chaque centrale thermique existante ;
- Mise en place de groupes électriques au fuel, en parallèle ou en remplacement des groupes au gasoil ;
- Installation d’éoliennes le long des cours d’eau, sommets des collines et montagnes ;
- rénovation de toutes les centrales hydroélectriques ;
- renégociation ou nationalisation du barrage de Manantali ;
- construction d’une centrale électrique à partir de l’hydrogène, cercle de Kolokani ;
- achèvement des travaux de la construction du barrage de Taoussa ;
- Mise en place de locaux techniques d’entretien et de maintenance des infrastructures électriques ;
- Relecture des textes sur la politique nationale d’électrification ;
- Contrôle permanent de toutes les centrales hydroélectriques, thermiques, solaires, éoliennes et hybrides ;
- Élaboration d’un plan quinquennal de construction de nouveaux barrages hydroélectriques et de champs solaires ;
- Étude de faisabilité pour la construction de 5 centrales nucléaires au Mali dans un délai maximal de 10 à 15 ans ;
- Effectuer des missions de recherches et de coopération dans les pays suivants : Chine, Russie, Turquie, Iran, la Corée du Nord, le Brésil, le Venezuela, le Maroc, le Botswana, l’Afrique du Sud ;
- Echanges avec des Universités étrangères dans le domaine des énergies renouvelables, hydroélectrique, fossile et nucléaire : Russie, Chine, Pérou, Espagne, Inde, Corée du Nord ;
- Relations bilatérales en interconnexion : Maroc, Burkina Faso, Niger, Sénégal, Guinée équatoriale, Libye ;
- Construction d’une usine de fabrication de panneaux solaires et de batteries au lithium ;
- Études et recherches en production d’énergies (ENI, ESIAU) ;
- Promotion de l’énergie solaire domestique (aide de l’Etat aux particuliers) ;
- Recherche et promotion sur l’électroménager solaire ;
- Enseignement de la conception d’une installation solaire chez les particuliers dans les écoles professionnelles et techniques ;
- Création d’un trophée national de la ville la plus éclairée ;
- Primes pour l’Éclairage des entrées de villes aux collectivités locales ;
- Primes de félicitation ou médailles par an pour 10 agents de EDM pour leurs compétences et leurs intégrités dans l’exercice de leurs métiers.
8 Conclusion
En somme, répondre à la crise énergétique au Mali nécessite une approche multidimensionnelle, centrée sur la remise en état des infrastructures et la diversification des sources d’énergie. Une stratégie nationale claire, soutenue par la participation active des Maliens tant au pays qu’à l’étranger, ainsi que par un cadre réglementaire favorable, est essentielle pour restaurer la confiance et la sécurité énergétique. En intégrant toutes les compétences disponibles et en mobilisant les acteurs concernés, le Mali peut transformer sa crise énergétique en une opportunité de développement durable, bénéfique pour toutes les générations futures.
(1) le microgrid est une version réduite d’un réseau électrique classique.
Professeur Oumar MC KONÉ
Ancien Chef de la Mission d’Appui de la Refondation de l’Etat
Enseignant de l’enseignement supérieur
Architecte DPLG – Ingénieur
Spécialiste en Développement dans les régions arides et semi-arides
Bamako, le 21 décembre 2024