Les Forces Vives de Guinée, une coalition rassemblant partis politiques, organisations de la société civile et activistes, ont lancé un ultimatum clair au régime militaire. À partir du 31 décembre 2024, elles ne reconnaîtront plus l’autorité du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), exigeant son départ et la mise en place d’une transition civile dès janvier 2025.
Cette décision intervient dans un contexte marqué par des violations répétées de la Charte de la Transition par le CNRD. Les Forces Vives pointent du doigt plusieurs dérives autoritaires, notamment l’interdiction systématique des manifestations publiques, le musèlement de la presse et l’impunité face aux assassinats de plus de 60 manifestants. Elles dénoncent également les disparitions forcées de figures emblématiques de la société civile, telles que Fonike Mengué, Billo Bah, Saadou Nimaga et Habib Marouane Camara, ainsi que la mort suspecte de plusieurs personnalités, dont le Général Sadiba Koulibaly, le Colonel Pépé Célestin Guilivogui et le Dr Mohamed Dioubaté en détention.
Les Forces Vives insistent sur le fait que la volonté du Président de la Transition, Mamadi Doumbouya, de se présenter à l’élection présidentielle viole son serment, l’article 46 de la Charte de la Transition, ainsi que les engagements pris dans l’Accord dynamique signé avec la CEDEAO le 22 décembre 2022, qui stipulent un retour à l’ordre constitutionnel avant le 31 décembre 2024.
Les Forces Vives expriment également leur mécontentement face à « l’arrogance et à l’irresponsabilité du gouvernement de Transition » dans la gestion des tragédies nationales, notamment l’explosion tragique du dépôt de Kaloum le 17 décembre 2023, et les événements douloureux survenus au stade de N’Zérékoré le 1er décembre 2024. Ces incidents ont exacerbé la colère populaire contre une gestion jugée défaillante et insensible aux souffrances des citoyens.
L’aggravation des conditions de vie, avec la dégradation des infrastructures et l’extrême pauvreté de la population, alimentée par la mauvaise gouvernance, est un autre motif de dénonciation. Selon les Forces Vives, ces problèmes sont le reflet d’un système qui a échoué à répondre aux attentes des Guinéens et a alimenté un climat de frustration généralisée.
Les Forces Vives appellent ainsi l’ensemble des citoyens guinéens, qu’ils soient civils ou militaires, de l’intérieur comme de l’extérieur, à se mobiliser avec détermination pour exiger le départ de la junte et l’instauration d’une transition civile. Elles soulignent qu’il est désormais crucial de faire pression pour que la Guinée se dote d’un gouvernement légitime, démocratiquement élu, capable de mener le pays vers une véritable stabilité politique et sociale.
À travers cette déclaration ferme, les Forces Vives souhaitent non seulement remettre en question la légitimité du CNRD mais aussi inciter à un large mouvement de contestation populaire qui pourrait bouleverser la dynamique actuelle du pouvoir en Guinée. Alors que le pays se trouve à un tournant historique, le 31 décembre 2024 marquera-t-il le début d’un changement radical ou celui d’une crise politique plus profonde ? Les semaines à venir s’annoncent décisives pour l’avenir du pays.
Seydou Fané