En prélude au 31 décembre, une effervescence palpable envahit les marchés maliens. Les rues, déjà animées en temps normal, débordent d’activités alors que jeunes et adultes se ruent à la recherche du cadeau parfait, de tenues de fête ou de décorations pour accueillir la nouvelle année. Derrière cette frénésie se cache une réalité plus sombre : la flambée des prix. Les achats de fin d’année deviennent parfois inaccessibles pour les familles les plus modestes, transformant ce moment festif en un mélange de joie et de stress.
Le grand marché et les halles de Bamako sont particulièrement animés en ces derniers jours de décembre. Les étals regorgent de vêtements, d’accessoires, de produits alimentaires et de cadeaux, tandis que les commerçants déploient des stratégies variées pour attirer les clients. Cependant, cette année, la hausse des prix complique les préparatifs pour beaucoup de familles.
Adama a 30 ans. Il est vendeur au grand marché de Bamako. Il affirme que « les marchés sont pleins comme jamais, mais les gens se plaignent des prix. Avant, une belle robe coûtait 10 000 CFA ; aujourd’hui, c’est presque le double. Malgré tout, les gens continuent d’acheter pour se préparer à la fête. Se sentir bien à la fin de l’année, c’est important, même quand les temps sont durs. »
Les prix des produits alimentaires, des tissus traditionnels et même des décorations ont connu une augmentation significative. La gestion du budget familial devient une véritable gymnastique : négocier, comparer et parfois renoncer. Malgré cela, nombreux sont ceux qui souhaitent marquer le passage à la nouvelle année avec dignité.
Mariam, a 27 ans. Elle est mère de famille. « Quand je suis allée acheter de l’huile et du riz, j’ai été choquée par les prix. Pour 5 litres d’huile, j’ai payé 12 000 CFA alors qu’avant c’était 7 000. Mais il faut que mes enfants aient leurs habits neufs pour la fête. Cela fait des mois que nous économisons pour le 31. C’est une tradition importante pour nous », affirme-t-elle.
La quête du cadeau parfait
Offrir un cadeau devient une priorité, notamment pour les jeunes, soucieux de faire plaisir à leurs proches. Cependant, la pression sociale combinée à la hausse des prix transforme cette recherche en un véritable défi. Souleymane est un étudiant 21 ans qui décide d’offrir un cadeau à sa copine. « Après avoir visité plusieurs magasins, j’ai finalement choisi un bijou, mais cela m’a coûté plus cher que prévu. J’espère qu’elle appréciera », martèle-t-il.
Préparer le festin de la Saint-Sylvestre
Au-delà des cadeaux, les familles se concentrent également sur la préparation du repas du réveillon. La cuisine malienne, connue pour sa richesse et sa diversité, est à l’honneur avec des plats comme le riz au gras, le poulet ou les brochettes. Les enfants décorent la maison pendant que les adultes s’affairent en cuisine pour créer une atmosphère festive malgré les contraintes budgétaires.
Aïssata Cissé, 45 ans, mère de famille : « Le 31 décembre est un moment spécial pour nous. Nous préparons des repas pour toute la famille et les voisins. Cette année, mes enfants seront tous présents, ce qui rend l’événement encore plus précieux. Mais avec l’augmentation des prix, il faut vraiment planifier à l’avance pour ne pas dépasser le budget. »
Malgré les défis économiques, le 31 décembre reste un moment de fête, d’espoir et de résolutions pour les Maliens. C’est l’occasion de se retrouver, de partager et de tourner la page sur une année parfois difficile, avec l’espoir d’un avenir meilleur.
Aissata Tindé