À la faveur de la Journée internationale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit, l’association Avocats sans frontières Canada au Mali (ASFC) a organisé, lundi dernier, une conférence de presse pour dénoncer la non- poursuite des enquêtes judiciaires sur les violences sexuelles liées aux conflits au Mali.
Célébrée chaque 19 juin, la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit visé à sensibiliser à la nécessité d’y mettre un terme et à soutenir les victimes.
Pour les parties prenantes, il s’agit de rendre hommage à celles et ceux qui luttent en première ligne pour éliminer ces crimes.
Pour Brian MENELET, directeur pays ASFC Mali, le Mali n’est pas épargné par les violences sexuelles. À plusieurs endroits des femmes, des filles, mais aussi des hommes et des garçons en sont victimes.
Pour faire face à ces situations, il est impératif que les acteurs de justice, personnes en charge de la sécurité des Maliennes et des Maliens, défenseurs des droits humains, tous responsables chacun à leur niveau de la protection des droits humains au Mali, en tant que communauté nationale et internationale, affrontent cette réalité avec détermination et humanité. « Ce sont des actes constitutifs de crimes internationaux, perpétrés par des acteurs armés rarement inquiétés devant les Cours et Tribunaux », a-t-il déploré. Avant de demander de soutenir les victimes « L’État du Mali doit également fournir aux survivants de violences sexuelles un soutien médical, psychologique et socio-économique accessible et adapté. Ces services doivent leur permettre de reconstruire leur vie et de retrouver leur dignité »,a-t-il indiqué.
Me Mariam Traore, Women in Law and Development in Africa (WILDAF) Mali a pointé du doigt l’absence de répression à l’encontre de ces violations dans la lutte contre l’impunité de ce type de violations des droits humains en Afrique de l’Ouest et en particulier au Mali.
Pour ce faire, la représentante Avocats sans frontières Canada, Me Traoré interpelle le Ministère de la Justice et le Pôle spéciale judiciaire à poursuivre avec détermination et rigueur les enquêtes en cours sur les faits de violences sexuelles liées aux conflits armés.
Avec le concours de tous les acteurs, elle a estimé qu’on peut mettre fin à l’impunité qui entoure ces crimes pour offrir justice et réparation aux victimes. À cet égard, Me Mariam Traoré a rappelé que, la crise multisectorielle de 2012 a affecté le Mali générant une multitude d’atrocités et de violations graves des droits humains. Selon ses remarques, il s’agit des violences sexuelles liées aux conflits, qui représentent une menace persistante et systématique pour les femmes, filles et d’autres personnes vulnérables maliennes. A cela s’ajoute les violences sexuelles liées aux conflits sont de graves violations des droits humains perpétrées à l’égard des femmes, des filles, des hommes et des garçons dans des situations de conflits.
Elle a fait savoir que les victimes de violences sexuelles liées aux conflits ont le droit fondamental d’obtenir justice de manière rapide et équitable. « Cela signifie que les enquêtes et les procès doivent être menées s avec diligence pour éviter une double victimisation due à la lenteur du système judiciaire »
En répondant aux questions de journalistes, l’avocate a déclaré que ces actes rentrent dans le champ des violences sexuelles liées aux conflits. Ils sont directement ou indirectement liés aux conflits tels que le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée », a-t-elle expliqué.
À cela s’ajoute l’avortement forcé, la stérilisation forcée, le mariage forcé, la traite des personnes à des fins de violences et d’exploitation sexuelle et toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable. « Nous devons renforcer les cadres juridiques et institutionnels maliens afin de garantir que les auteurs de violences sexuelles liées aux conflits soient traduits en justice », a laissé entendre Me Mariam Traoré.
En tant que membre de la société civile, Ali Keïta, représentant du Collectif Cri de Cœur (CCC), a fait savoir que les mécanismes non judiciaires de justice transitionnelle et les mécanismes judiciaires sont des outils indispensables et complémentaires pour répondre aux violences sexuelles liées aux conflits armés. Les victimes, affirme t-il, ont le droit de bénéficier de ces deux types de mécanismes judiciaires pour obtenir une justice complète et équitable.
Au rappel, Avocats sans frontières Canada (ASFC) est une organisation non gouvernementale de coopération internationale dont la mission est de contribuer à la mise en œuvre des droits humains des personnes en situation de vulnérabilité, par le renforcement de l’accès à la justice et à la représentation juridique.
M. S