Un peu avant 20 heures, le marché de Sikoroni s’anime. Ici, le tô, ce plat traditionnel apprécié de tous, devient la star de la soirée. Sous les lumières vacillantes des ampoules suspendues, des aides-ménagères , s’activent autour de leurs marmites pour servir une clientèle impatiente.
La journée, le marché est bruyant, rempli d’étals de fruits et légumes. Mais le soir, il change complètement. À la place, on trouve des marmites fumantes. L’odeur du tô fraîchement préparé envahit l’air : de la farine de mil ou de maïs cuite lentement, accompagnée de sauces savoureuses comme le gombo, l’arachide ou les feuilles.
Fatoumata, l’une des vendeuses, partage son quotidien : « Tous les soirs, après avoir fini mes tâches de la journée, je viens vendre ici. C’est une source de revenu importante pour nous, les aides-ménagères de Sikoroni. Le tô, c’est la base dans beaucoup de familles, et ici, il est réputé pour être le meilleur. »
Ces nuits lui rapportent entre 2 000 et 2 500 FCFA, soit environ 40 000 FCFA par mois. « Un complément essentiel à son salaire », dit-elle avec fierté.
Le marché de nuit est bien plus qu’un simple espace commercial. On y trouve une ambiance conviviale, animée par des rires et des discussions. Les clients, souvent des travailleurs ou des jeunes, viennent chercher un repas rapide et échangent en attendant leur tour.
Mamadou, un habitué, raconte : « Certains soirs, je préfère manger ici que chez moi. L’ambiance est unique, et le tô est toujours meilleur au marché. »
Mariam, une autre vendeuse, souligne que tout n’est pas toujours facile : « Parfois, il y a des disputes ou des petits voleurs. Mais on s’entraide entre vendeuses. On est comme une famille. »
Malgré la montée des fast-foods et des plats modernes, le tô reste incontournable. Ce plat symbolise la culture locale et la résilience des aides-ménagères de Sikoroni.
Seydou Fané