Les journaux s’insurgent ce matin, contre la fermeture de la Télévision privée Joliba Tv news par la Haute Autorité de la Communication (HAC).
« L’avenir d’une presse libre et indépendante en jeu », soupire L’indépendant qui ajoute : « L’avalanche de dénonciations des organisations de la Presse à la suite de la convocation, le 14 novembre dernier, du Directeur de Joliba Tv news et du confère Mohamed Attaher Halidou, ne semblent pas avoir dissuadé la Hac dans sa logique de punir cette chaîne de la pire des manières en décidant de lui retirer sa licence ».
« Joliba Tv, le baptême du feu du nouveau PM », c’est le titre de l’éditorial du quotidien privé Le Pays qui se demande ce que la Haute Autorité de la Communication du Mali (HAC) a fait pour sauvegarder l’image de la transition malienne. Alors, s’exclame Le Pays « pourquoi s’acharner contre un média malien parce qu’ un invité à un débat sur la présumée tentative de coup d’Etat contre le capitaine Ibrahim Traoré fait l’objet d’une affaire d’État au point d’emprisonner l’auteur des propos tenus sur le plateau et condamner par le Haut Conseil de la Communication du Burkina Faso »? Pour le journal, cette affaire est une patate chaude entre les mains des autorités maliennes. Elle intervient le jour même de la nomination du nouveau Premier ministre.
Est-ce fortuit? S’interroge encore Le Pays. « Du coup, elle devient son baptême du feu pour qui connaît le rôle combien important de la presse dans une société . Il doit peser de tout son poids pour empêcher l’exécution de cette décision par la HAC ». Jusque-là, croit savoir le journal « Abdoulaye Maïga ne fait pas l’objet de jugement négatif par la presse. Les relations de bonne entente qu’il doit entretenir ou perpétuer avec les médias pour la réussite de sa mission à la primature dépendra de sa gestion rationnelle de cette affaire suivie par le monde entier ».
« Quand la HAC se fait hache », ironise le Bihebdomadaire La Sirène dans un édito. À force de se concentrer, pointe le Bihebdomadaire « sur des querelles stériles, notre HAC semble avoir oublié ses priorités. Elle devrait, par exemple, se pencher sur les multiples problèmes de régulation des contenus haineux en ligne, Mais non, elle préfère sortir la hache pour abattre un arbre qu’elle a elle-même planté. Ironique, non ? Alors oui, nous comprenons la nécessité d’une régulation. Mais cette régulation ne devrait jamais devenir un outil de musellement. Sinon, à ce rythme, demain, chaque journaliste, chaque média deviendra une cible potentielle, et l’espace d’expression se réduira à peau de chagrin ».
Et La Sirène de conclure : « La HAC ferait bien de ranger sa hache, de reprendre ses esprits et de revenir à sa mission première : protéger et encadrer, pas saboter. Quant à nous, citoyens et professionnels des médias, il est de notre devoir de veiller à ce que les institutions, comme la HAC, ne deviennent pas les fossoyeurs des libertés qu’elles sont censées garantir. En attendant, le caïman rôde. Mais n’oublions jamais : une hache mal utilisée finit toujours par blesser celui qui la brandit ».
Les Échos qui juge cette décision trop sévère s’inquiète de la fermeture définitive des médias privés par la Haute Autorité de la Communication (HAC) : « cette décision relève de la volonté de l’autorité de régulation d’éteindre tous les médias privés au Mali ».
En réaction à cet ultime acte, note Nouvel Horizon « entravant la liberté d’expression chèrement acquise, les voix s’élèvent au sein de la Presse afin de faire bloc contre ces agissements qui mettent clairement toute la corporation en péril ».
Pour L’indicateur du Renouveau, la décision a été unanimement condamnée par l’ensemble des faitières de presse et plusieurs confères qui qualifient la décision de sérieux menace sur la liberté d’expression et va envoyer au chômage technique plus de 40 chefs de famille qui y travailler.
Seydou Fané