La troisième journée du procès sur les détournements au sein de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton du Mali (C-SCPS) a pris un tournant décisif avec le témoignage de Fadiala Coulibaly, ancien responsable administratif et financier, qui a fait des révélations qui ont fragilisé la défense.
Une enquête déclenchée
Le 28 mai 2019, une lettre anonyme a été adressée au Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, chargée du Pôle Économique et Financier. Cette missive dénonçait des malversations financières au sein de la C-SCPS. Le 16 juillet 2019, le Parquet a ordonné à la Brigade Économique et Financière de mener une enquête préliminaire pour vérifier les faits rapportés et identifier les éventuels coupables ou complices.
Un désordre comptable généralisé
Les investigations ont confirmé les soupçons de prévarication. Les enquêteurs ont découvert un véritable chaos administratif et financier non seulement au sein de la C-SCPS, mais aussi dans trois de ses Fédérations Régionales : Sikasso-Bougouni, Fana-OHVN, et Kita. Après un examen rigoureux des documents comptables, il est apparu que sur les treize milliards quatre cent trente et un millions quatre cent trente-sept mille trente-sept francs CFA (13.431.437.037 FCFA) alloués à la Confédération par la CMDT entre 2013 et 2019, seuls huit milliards huit cent cinquante-quatre millions sept cent soixante mille huit cent vingt-trois francs CFA (8.854.760.823 FCFA) étaient traçables. Ce désordre a révélé un manque de justification pour une somme de neuf milliards quatre cent soixante-deux millions cent cinquante-deux mille soixante-et-onze francs CFA (9.462.152.071 FCFA), alimentant des soupçons de détournement.
La défense sur la sellette
Le témoignage de Fadiala Coulibaly a constitué un véritable coup de tonnerre dans la salle d’audience. À la barre, il a mis en doute chaque affirmation de Bakary Togola, l’ancien président de la Confédération. Lorsque ce dernier a soutenu que les fonds en question ne provenaient pas de l’État mais des cotonculteurs, Fadiala a affirmé le contraire en soulignant que « l’État accordait des subventions aux producteurs ». Il a également réfuté les déclarations de Togola concernant l’utilisation des fonds pour des formations et le paiement des salaires, affirmant que les « deux grandes formations avaient été financé par le PASE2 », qu’à part ça, « la confédération n’a financé aucune formation ».
Et à la question de savoir en sa qualité de comptable si toutefois les documents comptables fournis comme pièces justificatives par la confédération répondaient aux normes ,il répond qu’ « il ne sait pas d’où sort ces documents fournis à la Cour que lorsqu’il était là-bas, il y’en avait pas ».
Tension entre Fadiala Coulibaly et la défense
La confrontation entre Fadiala Coulibaly et les avocats de la défense a été particulièrement tendue. Ces derniers ont tenté de discréditer Coulibaly, affirmant que sa plainte était motivée par un ressentiment personnel après son licenciement. Et Fadiala a répondu en rappelant qu’il avait, à plusieurs reprises, alerté Bakary Togola ce qui est soutenu d’ailleurs par l’un de ses anciens lettres adressé à ce dernier et Djiguiba dit Ampha Coulibaly, alors président de la Fédération Régionale de Koutiala, sur les irrégularités, sans jamais obtenir de réponse. Pour les avocats de la défense, son licenciement l’a poussé à agir que sinon il aurait dû dénoncer les faits reprochés d’une autre manière auprès des autres responsables mais qu’il a opté pour cette procédure pour des raisons personnelles.
Un verdict qui s’annonce difficile pour La défense
Le témoignage de Fadiala Coulibaly met la défense dans une position de plus en plus délicate. Les révélations faites par ce dernier laissent présager un verdict difficile pour les accusés, à moins que des preuves concrètes ne viennent contrer les accusations portées.
Dadji dite Rokia Diarra, Stagiaire/bamakomatin.com