Woundioun Sissoko, 86 ans et ex- inspecteur général de la société Énergie du Mali était à la barre, hier mercredi 3 juillet 2024 pour répondre de faits de faux et usage de faux, d’abus de confiance et de dépossession frauduleuses. Cet ancien haut cadre du pays qui a comparu suite à une plainte de son ex-épouse, Aminta Nafi N’Diaye ancien commissaire de police, a été condamné à 5 ans de prison avec sursis. L’ex-inspecteur de police, Abdoulaye cissoko y a également été entendu en qualité de témoin.
Les faits qui sont reprochés à Woundioun Sissoko par l’ancien commissaire de police (son ex-épouse) ont eu lieu le 1er novembre 1976 à Bamako. Aminta Nafi N’Diaye, officier de police au moment des faits, a bénéficié de deux parcelles n°47 A et 48 A dans la zone de lotissement de Korofina Nord, une zone des officiers. Ainsi, son époux Woundioun Sissoko sollicita la lettre d’attribution pour la mettre en gage à la Banque de Développement du Mali (BDM.SA) afin d’avoir un prêt. Depuis cette date, Aminta Nafi N’Diaye n’a plus réclamé ladite lettre jusqu’à leur divorce intervenu courant 1987. Ainsi, M. Woundioun Sissoko a, a cette époque laissé entendre que la lettre est toujours gagée suite à sa convocation chez l’oncle de Madame N’Diaye, feu Boubacar N’Diaye.
Courant 2017, la plaignante revient à la charge pour réclamer que le titre sois mis à sa disposition. Son ex-mari dira niet. Face au refus catégorique de l’accusé, la plaignante fera déposer par les soins de Me. Bouaré, notaire, une demande au bureau des Domaines et du Cadastre du District de Bamako qui suite à une réquisition en date du 4 novembre 2017 a répondu.
Selon l’arrêt de la Cour auquel nous avons pu jeter un coup d’œil, il existait dans le dossier archive une double lettre d’attribution S/N du 6 octobre 1976 relative à la parcelle n°CC/7 et 8 au nom de Woundioun Sissoko. Au verso, il était mentionné : « gage autorisation n°31/83 du 23/12/1982 ».
Une originale lettre d’attribution S/N du 1er novembre 1976 relative aux parcelles N47/48 zone d’officiers du lotissement de Korofina Nord au nom de Madame Sissoko.
Ainsi, les investigations menées au niveau des Domaines ont permis la découverte d’une antidatée du 14 juillet 1976 avec une fausse signature de Mme Nafi N’Diaye, autorisant le don desdites parcelles à son profit en les transformant en permis d’occuper en date du 18 décembre 2008. Interpellé, Woundioun Sissoko a nié tous les faits, arguant que son épouse de l’époque lui a fait don desdites parcelles en autorisant le transfert à son nom sans pouvoir produire aucune pièce.
Présenté devant les juges de la Cour hier mercredi 3 juillet 2024, l’ex-inspecteur général de la société Énergie du Mali, a déclaré qu’il a reçu la lettre d’attribution de sa femme précisant qu’elle lui en a fait une donation. «Si ma femme me donne quelque chose, qu’est-ce que j’ai besoin de le légaliser», se défend l’accusé. Alors que pour l’avocat de la partie civile , une donation doit être constatée par un écrit. « Messieurs et conseillers de la Cour, ce que M. Sissoko dit est faux. En matière de droit, une donation doit être constatée par un écrit», réplique l’avocat
Interrogée à son tour, Aminta Nafi N’Diaye rejette d’emblée les propos de son ex-mari «Tout ce qu’il vient de dire est faux. A l’époque, j’étais très jeune. Tièkoro Bagayoko, Directeur général de la Police à l’époque m’a donné ses parcelles. J’avais confiance en mon mari. Je lui ai donné tous les papiers. Je n’imaginais pas qu’il allait un jour changer tout en son nom ».
Invité à la barre pour témoigner, l’ancien inspecteur de police, Abdoulaye cissoko, a déclaré qu’il ne connaissait ni M. Sissoko ni Aminta Nafi N’Diaye « Je n’avais aucun rapport avec ce couple au moment des faits. C’est vrai que J’étais inspecteur à l’époque. Mais, je ne connaissais pas Nafi N’Diaye dans la police ». C’est quand J’étais aux services de renseignements que j’ai appris l’arrestation d’une certaine Aminta Nafi N’Diaye», témoigne-t-il. Le ministère public s’invite dans le débat puis interroge : «en tant que services de renseignements comment M. Sissoko a pu transformer les deux parcelles en son nom ? Le témoin est catégorique « Je ne peux pas répondre à cette question».
Après les plaidoiries des avocats, la Cour a condamné Woundioun Sissoko à 5 ans de prison avec sursis. Elle a demandé à l’inculpée restituer les parcelles de la plaignante.
S.F