La matinée, calme à l’ACI 2000 à l’arrivée de notre reporter, a rapidement basculé dans une atmosphère de tension et de colère. Une foule dense de partisans des imams Mahi Ouattara et Abdoulaye Koita s’est massée devant la Brigade de Cybercriminalité, où les deux figures religieuses étaient entendues dans le cadre de leur audition.
Les slogans fusaient de toutes parts, galvanisant les manifestants : « Allah Akbar ! Atakbir ! ». Visiblement indignés, les protestataires exprimaient leur colère face à cette situation qu’ils jugeaient inacceptable. « Les autorités n’auraient jamais osé cela en présence de l’imam Dicko. Si Dicko était là, elles n’auraient jamais pris une telle décision ! », scandaient-ils à l’unisson.
Leurs discours, empreints de défiance et de ferveur religieuse, laissaient transparaître une position sans équivoque : « Un imam ne doit pas être inquiété de cette manière. Nous n’allons jamais tolérer cela… Nous sommes un pays de musulmans, pas de chrétiens ! »
Cette mobilisation massive et véhémente a accentué la pression sur les autorités. Ce qui avait commencé comme une audition de routine s’est transformé en un événement marquant, révélateur des sensibilités religieuses
Cette foule exaltée appelait à la mobilisation pour ce qu’elle qualifiait de « défense de la religion de Dieu ». L’énergie palpable et la pression exercée par les soutiens des imams a visiblement pesé lourd sur les événements en cours.
Face à cette foule et à une situation qui devenait difficile à contenir, les autorités n’avaient d’autre choix que de relâcher les deux imams. Dès leur sortie, une explosion de joie a secoué la foule. Les partisans, dans une ferveur presque incontrôlable, se sont regroupés autour de Mahi Ouattara et Abdoulaye Koita pour les escorter en triomphe jusqu’à leurs domiciles.
Seydou Fané