Au regard de la prolifération des drones à usage militaire et leur usage systématique dans les conflits, on peut sans risque de se tromper dire que le monde, à peine sorti de la course aux armements de la période de la guerre froide, s’est lancé dans une nouvelle course aux armements à travers une immense production de drones à usage militaire et des missiles à courte, moyenne et longue portée. Les arsenaux juridiques internationaux élaborés pour promouvoir la paix, la stabilité et la coexistence pacifique des peuples sont-ils révolus ?
Contrairement à la période de guerre froide ou la ruée sur le nucléaire était justifiée pour son effet dissuasif, les drones à usage militaire sont les vedettes des conflits de tous genres. A défaut d’en produire, chaque Etats y compris les moins nantis s’en procurent faisant ainsi grimper les défenses militaires au dépend du public destinées à améliorer la vie de la population. Constituant une nouvelle étape du perfectionnement des armes au dépend de nombreux secteurs vitaux pour l’humanité la prolifération des drones armés de toutes les marques de fabrication n’est pas étrangère au recours systématique à la force et à l’enlisement des conflits.
La sophistication des armes qui fait l’objet d’un commerce florissant pour les puissances n’est ni plus ni moins qu’une menace supplémentaire pour l’avenir des arsenaux juridiques destinés à garantir la coexistence pacifique des peuples et le règlement des dissensions par le dialogue. Après la course vers le nucléaire pour son effet dissuasif, le monde s’engage dans une nouvelle course qu’on peut appeler course aux drones armés pour sans nul doute la réduction des pertes en vies sur les champs de batailles. Depuis toujours, l’humanité ne manque jamais d’arguments pour légitimer la fabrication d’armes de plus en plus dévastatrices. Aujourd’hui, la performance dévastatrice des armes marque un nouveau tournant dans la violence des conflits et leur prolongement dans une indifférence quasi-totale. L’avenir de l’humanité sera-t-il défini par les armes ?
La réticence généralisée au règlement pacifique des conflits et le mépris des injonctions des organisations de gestion des conflits constituent une préoccupation majeure qui interpelle l’ensemble des pacifistes et les dirigeants des pays influents qui disposent des moyens dissuasifs pour restaurer la valeur de vie humaine qui, contrairement au prix des marchandises, connait une chute vertigineuse à cause de la performance des armes et l’aveuglement des belligérants.
La ruée pour la fabrication et l’achat de drones armés et l’existence de 21OO missiles à tête nucléaire en état d’alerte ne douchent-ils pas l’espoir de l’avènement d’un monde de paix et de cohabitation pacifique entre les peuples ? La disponibilité et la procession d’arceaux sophistiqués ont contribué sans nul doute à la fragilisation du dialogue et des outils juridiques internationaux pour le règlement pacifique des conflits qui, par essence sont des processus longs qui requiert un esprit constructif de toutes les parties. L’espoir suscité par la création des Nations Unis et nombreuses organisations pour promouvoir la paix et la stabilité du monde est compromis d’une part par le jeu trouble des grandes puissances qui siègent au conseil de sécurité et d’autre part, par la performance des industries d’armements qui déversent sur les marchés des armes de plus en plus meurtrières en toute sérénité comme pour rejeter la responsabilité des dégâts sur la main qui tient l’arme. Peut-on dissocier la violence des moyens ? La réponse à cette question variera certainement selon que l’on soit devant ou derrière l’arme utilisée. Quoi qu’il soit, les dégâts humains et matériels causés par les armes à travers le monde interpellent la conscience et l’humanisme de tous hommes sans distinction de rang et de statut. Est-il nécessaire de rappeler que la prolifération des armes de plus en plus meurtrières et le recours systématique à la force pour résoudre les crises constituent une menace sur tous ce que l’humanité a bâti au cours de son évolution pour l’apaisement du monde et pour garantir la coexistence pacifique des peuples ?
La Palestine, l’attaque du Hamas contre Israël, le Liban, le Soudan, la Libye, l’Ukraine, la zone des trois frontières au Sahel, Haïti, le Sahara Espagnole… interpellent chaque esprit épris de paix ainsi que les grands de ce monde. Si les intérêts personnels sont à la base de l’éclatement des conflits, la performance des armes est source d’encouragement à l’usage systématique de la force. Doit-on continuer à fournir plus d’efforts à détruire ce que l’humanité a construit pendant des années plutôt que de les consolider ?
Bakary Sangaré