Le 25 septembre prochain, l’Unesco célèbre la première journée internationale de la langue soninké, événement exceptionnel parrainé par Madiou Simpara, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. La proclamation de cette journée a été faite en octobre 2023 lors de la 42eme conférence générale de l’organisme onusien dédié à l’éducation, aux sciences et à la culture. Le soninke, une des principales langues transfrontalières parlée par des millions de locuteurs, devient du coup la deuxième langue africaine, après le swahili, à bénéficier de ce statut privilégié. A cette occasion, Le Focus fait un focus sur les Soninké de façon générale mais plus particulièrement les Soninké au Mali.
Madiou Simpara, Ismael Siby, Ibrahima Diawara, Oussouby Sacko. A première vue, rien ne lie ces quatre personnalités. Madiou Simpara, est aujourd’hui président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, Ismael Siby détient la seule fonderie de lingots d’or au Mali, la raffinerie Marena Gold, société à capitaux 100% nationaux. Ibrahima Diawara est lui, le fondateur du Groupe IBI, président directeur général du groupe Stone Solar Mali, entrepreneur dans les domaines l’agriculture, de l’énergie et de l’industrie des matériaux de construction, patron de “Builders”, un des leaders sous régionaux des grands travaux de construction et surtout celui qui fournit les pluies provoquées. Quant à Oussouby Sacko, il est depuis octobre 2017, le premier président africain d’une université japonaise, celle de Kyoto Seika.De l’homme de la rue à l’étudiant, du vendeur à la sauvette au professeur d’université en passant par l’employé de bureau ou la ménagère, ces personnalités connues et reconnues appartiennent au groupe ethnique soninké, un peuple présent en Afrique de l’Ouest sahélienne, établi principalement au Mali, le long de la frontière mauritanienne (entre Nara, la région de Koulikoro, Kayes et Nioro-du-Sahel), ainsi qu’au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie, en Guinée et en Guinée-Bissau.Combien sont-ils? Difficile de le déterminer. Selon Wikipedia, ils seraient estimés à plus de 3 000 000 qui parlent la langue soninké dans le monde. 1 800 000 ont été dénombrés au Mali, 1 200 000 au Sénégal, 156 000 en Gambie, 237 000 en Mauritanie, 5 000 en Guinée-Bissau et quelques milliers Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, en Guinée-Conakry et au Burkina Faso et bien encore d’autres Pays d’Afrique de l’Ouest. Ces chiffres restent des estimations.Qui sont-ils? Historiquement, ils sont du peuple ayant constitué le premier royaume historiquement connu au Sahel, le Wagadu à l’origine de l’empire du Ghana. D’après la tradition orale des griots soninké, Dinga ou Diabé Cissé, serait l’ancêtre des Soninké, un excellent cavalier armé de lances, épées, boucliers et autres armures de fer qui soumit les Karo peuple d’agriculteurs occupant la région où se trouvent aujourd’hui le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.La légende raconte que Manga Cissé fils de Dinga promit au serpent protecteur nommé Bida de lui donner en offrande sacrificielle, tous les sept ans la fille vierge la plus belle de son royaume, Wagadu. En contrepartie, le serpent accorderait au Wagadu la richesse, l’or et la pluie pour les récoltes. Ainsi naît la légende de Kaya Magan Cissé, l’ancêtre des Soninké. Il était aussi appelé le Tounka, le Chef.Après la chute de l’empire du Ghana, les Soninkés se sont dispersés dans toute l’Afrique de l’Ouest à partir du XIIème siècle, donnant ainsi naissance à plusieurs ethnies. Avec le contact avec l’Occident, les terres soninké subirent des razzias des Maures à la recherche d’esclaves pour la culture de la gomme. Mais surtout du commerce avec les traitants européens initiateurs de la traite atlantique et avec les Maures par les voies commerciales transsahariennes. Certaines sources pensent que c’est de là que naît la légende des tounkaranke, ceux qui viennent de chez Tounka, de chez le Chef. Ils s’appellent eux-mêmes Soninkés. Mais, chez les autres peuples, leur nom varie : “Maraka” par les Bambara, “Sarakholés” par les Wolof, “Wangara” par les Malinkés ou “Wakoré” par les Songhaïs etc. Aventuriers dans l’âme, ils développèrent le commerce et les échanges de toutes sortes, y compris des esclaves, devenant un peuple riche, fortuné et fier.
O. D depuis Paris / correspondance particulière