Face à l’ampleur de l’insalubrité de la ville, la Mairie du District de Bamako avait fait appel à Ozone au grand dam des GIE opérant dans le secteur. L’espoir suscité par l’arrivée de cette entreprise Marocaine spécialisée dans l’assainissement fut de courte durée à cause de l’apparition des difficultés financières entre les parties ponctuées par les mouvements d’humeur des employés de l’entreprise. Faute de nouvelles alternatives du genre, n’est-il pas temps de faire la politique de nos moyens à défaut d’avoir les moyens de notre politique ?
Après le divorce avec OZONE, les autorités communales ont repris leur habitude. Curage de caniveaux à l’approche de l’hivernage, organisation de journée de salubrité, ramassage périodique et sommaire des dépôts d’ordures aux allures de montagnes et quelque fois des menaces de sanctions contre les acteurs de dépôts anarchiques. L’inefficacité de cette pratique n’est pas à chercher à la loupe au regard de l’ampleur de l’insalubrité qui se propage à vue d’œil. Les déchets solides et liquide ont pris le pas sur toutes les initiatives visant à redonner à la capitale des trois Caïman son lustre d’antan. Faire appel à une société étrangère dotée de moyens colossaux et d’une expertise en matière d’assainissement serait l’idéal pour circonscrire à court terme la détérioration du cadre de vie de la population. Mais cette option ne peut se substituer à la recherche d’une solution durable et pérenne qui passe nécessairement par la création d’une ou des entreprises locales à vocation d’assainir et de traiter les déchets solides et liquides.
A cet effet, les GIE pour leur constance dans le transport des déchets domestiques vers les dépôts de transit constituent un potentiel à explorer . Initiés pour la plupart par des jeunes diplômés en quête d’emploi, ces GIE ont prouvé leur efficacité en débarrassant de nombreuses rues et devantures de maisons des poubelles remplis de déchets domestiques malgré leurs faibles moyens et les dangers liés à la manipulation des déchets sans protections adéquates. Munis de simples charrettes à traction animal, les agents de ces GIE sillonnent les rues pour vider les poubelles contre une contribution mensuelle des familles intéressées par leur prestation. Cette démarche est révélatrice de l’ambition des promoteurs de GIE qui peuvent être considérés comme des précurseurs de l’entreprenariat privé dans la domaine de l’assainissement dans le pays.
Pour renforcer les initiatives d’assainissements, les plus hautes autorités doivent se pencher sur le potentiel que représentent les GIE en vue de les intégrer dans une nouvelle politique d’assainissement axée sur les réalités socioculturelle et les objectifs de la lutte contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, impliquer les GIE dans la gestion des déchets et plus largement dans les activités relatives à la salubrité de la ville est une nécessité pour l’atteinte des objectifs à savoir : une ville propre. A défaut de créer les conditions pour leur évolution vers la création d’une entreprise des déchets avec tout ce que cela implique à court terme, Les autorités doivent accompagner les GIE dans le domaine d l’équipement et procéder à une revitalisation de la voirie.
L’assainissement de la capitale des trois Caïman n’est pas un défi insurmontable. La solution passe par la recherche et l’exploitation des ressources locales qui présentent plusieurs avantages dont la création d’emplois.
Pour une gestion satisfaisante des déchets aux fins d’atteindre un niveau de salubrité notable, le pays doit s’appuyer sur les ressources les compétences locales. Limitant son intervention dans le domaine de l’assainissement à la réalisation des infrastructures (caniveaux dépôts de transit entre autres) les plus hautes autorités en accords avec les municipalités doivent envisager le transfert de la salubrité au secteur privé pour garantir et pérenniser le cadre de vie et travail des populations.
Bakary Sangaré