« La CEDEAO à l’article de la mort ? », s’interroge Le Soir de Bamako.
« Les velléités inconstitutionnelles de certains chefs d’État de la CEDEAO de vouloir se maintenir au pouvoir vont-elles finir par donner raison aux autorités des trois pays de l’AES, qui ont officiellement quitté l’organisation le 29 janvier dernier ? », s’interroge encore le quotidien du soir, qui se montre critique à l’égard de certains chefs d’État de la CEDEAO : « C’en a tout l’air, avec le vieux dinosaure Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, qui veut encore un mandat de plus, sans oublier l’attitude à la renverse d’Umaro Sissoco Embaló de la Guinée-Bissau, qui vient d’éconduire une mission de haut niveau de la CEDEAO. Il est à se demander si l’organisation ne serait pas en train de mourir ».
« CEDEAO, une organisation de bras cassés, ironise Info-Matin. « Comme un serpent qui change de peau, le président Umaro Sissoco Embaló, le grand républicain, a enfilé son costume de dictateur, menaçant d’expulser la mission de médiation de la CEDEAO dépêchée pour renouer le dialogue avec son opposition autour de la fin du mandat. »
Décidément, pointe le quotidien privé, « après les pays de l’Alliance des États du Sahel, la CEDEAO est en difficulté en Guinée-Bissau, où elle a d’ailleurs joué un rôle important dans la confirmation des élections du président Embaló. Sur le terrain, la CEDEAO est en passe de devenir une organisation de bras cassés pour respecter et faire respecter ses directives sur la bonne gouvernance. »
Pour Les Échos, ce revers illustre l’affaiblissement progressif de la CEDEAO dans son rôle de médiateur politique en Afrique de l’Ouest. Depuis plusieurs années, constate Les Échos, « l’organisation peine à imposer son autorité face à des dirigeants de plus en plus enclins à défier ses décisions. L’attitude d’Embaló s’inscrit dans cette tendance. »
Qu’est-ce qui a mis en colère Embaló au point de menacer une mission de la CEDEAO ? s’interroge Info-Matin. Ironie du sort que le président Embaló chasse une mission de la CEDEAO, alors que son intervention en 2020, en demandant à la Commission nationale électorale de son pays de procéder à une vérification des procès-verbaux, avait permis à Embaló de briguer la magistrature suprême, alors que le président sortant de l’époque contestait son élection.
Le président sortant, rebondit Le Soir de Bamako, « dont le mandat est épuisé depuis le 27 février dernier, ne veut ni entendre parler de compromis avec l’opposition et les forces vives de Guinée, ni de l’organisation d’élections présidentielles en 2025, comme cela avait été souhaité par la CEDEAO, d’où la mission de haut niveau dépêchée sur place. »
À l’approche, s’inquiète Les Échos, « des scrutins législatifs et présidentiels en Guinée-Bissau, ce camouflet risque d’avoir des conséquences non seulement sur la situation interne du pays, mais aussi sur l’image et l’efficacité de la CEDEAO, déjà fragilisée par sa gestion contestée des crises récentes au Mali, au Burkina Faso et au Niger ».
Le plus grave, conclut Les Échos, « au-delà de cette humiliation de la délégation de la CEDEAO, c’est le sort des populations lorsque la situation se dégradera davantage ».
Seydou Fané