L’élection présidentielle du 12 avril prochain au Gabon prend une tournure bien balisée. Parmi les 23 dossiers déposés, seuls quatre candidats ont été jugés recevables, dont l’actuel homme fort du pays, le général Brice Oligui Nguema, et son principal adversaire, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Un duel aux allures de match arrangé ?
Difficile de ne pas voir dans cette sélection un écrémage politique soigneusement orchestré. Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a certes annoncé la liste des recalés, mais sans expliciter les raisons des rejets. Or, parmi les exclus, on retrouve Jean-Rémy Yama, syndicaliste de premier plan, dont la candidature aurait pu incarner une alternative crédible. Les intéressés peuvent encore saisir le Conseil constitutionnel, mais l’issue de ces recours reste incertaine.
Quant aux candidats retenus, le scénario semble presque écrit d’avance. Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir par un coup d’État en août 2023, cherche à légitimer son règne par les urnes. Face à lui, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo, apparaît comme une opposition de façade plutôt qu’une réelle menace. Les deux autres concurrents, Joseph Lapensée Essingone et Stéphane Germain Iloko Boussengui, n’ont ni l’ancrage politique ni le poids médiatique pour troubler ce face-à-face.
Cette élection se déroulera-t-elle dans un climat réellement démocratique ? Avec un contrôle rigoureux du processus et une sélection restrictive des candidats, le doute est permis. Le peuple gabonais, qui aspirait à un renouveau après la chute du clan Bongo, pourrait bien se retrouver avec un choix limité et une transition verrouillée.
La Rédaction