Arrêté et placé en détention en fin de semaine dernière, un activiste ivoirien connu pour ses prises de position pro-russes et son opposition virulente à la politique française en Afrique a comparu ce lundi matin devant un juge du tribunal de Paris. En jeu : son extradition vers la Côte d’Ivoire, son pays d’origine. Mais à la surprise générale, son avocat a annoncé que son client souhaitait être envoyé au Mali, plutôt que de retourner en Côte d’Ivoire.
L’audience, qui s’est tenue dans une salle comble, a vu défiler plusieurs arguments de la défense et du parquet. Le militant, dont l’identité n’a pas été officiellement révélée par les autorités françaises, est accusé par Abidjan d’atteinte à la sûreté de l’État. Des accusations qu’il conteste fermement, affirmant être victime d’un acharnement politique en raison de ses prises de position contre l’influence française en Afrique et de son soutien affiché à Moscou.
Son avocat a plaidé pour que son client ne soit pas extradé vers la Côte d’Ivoire, mettant en avant un risque de persécutions politiques. « Mon client craint pour sa sécurité en cas de retour forcé à Abidjan. C’est pourquoi il demande à être transféré au Mali, pays avec lequel il partage des affinités idéologiques et où il se sentira en sécurité », a-t-il déclaré à la presse à l’issue de l’audience.
Cette requête, inhabituelle dans le cadre d’une procédure d’extradition, pose une question juridique complexe. En règle générale, un individu sous le coup d’une extradition est renvoyé vers son pays d’origine ou vers l’État demandeur, sauf si des raisons humanitaires ou politiques justifient une autre destination.
Le Mali, dont le gouvernement entretient des relations de plus en plus tendues avec Paris et se rapproche progressivement de Moscou, n’a pour l’instant pas réagi publiquement à cette demande. Aucune procédure officielle de relocalisation n’a été évoquée.
La décision du tribunal, qui devrait être rendue dans les prochains jours, pourrait mettre la France dans une position délicate. D’un côté, une extradition vers la Côte d’Ivoire répondrait aux attentes d’Abidjan, allié stratégique dans la sous-région. De l’autre, l’option malienne constituerait un précédent et pourrait être perçue comme une entorse aux usages diplomatiques habituels.
D. Diarra
Sauf autorisation de la rédaction, la reproduction, même partielle, des articles de Bamakomatin.com est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.