L’annonce par le gouvernement d’une augmentation de la taxe sur l’accès au réseau de télécommunications suscite une vive indignation au sein de la société civile. Badra Alou Sacko, président du Forum des organisations de la société civile du Mali (FOSC), a dénoncé cette décision dans une vidéo de près de cinq minutes. Il y exprime son opposition catégorique. Le responsable de la société civile estime que cette nouvelle ponction fiscale pèsera davantage sur une population déjà fragilisée par la crise énergétique et économique.
« Les gens souffrent aujourd’hui à cause des coupures d’électricité », alerte Badra Alou Sacko. Dans un contexte marqué par une instabilité énergétique paralysant l’activité économique, il juge incompréhensible que l’État choisisse d’alourdir encore la charge financière des citoyens. « Si l’État dit qu’il n’a pas d’argent, que doit dire la population ? », interroge-t-il.
L’indignation du président du FOSC se nourrit aussi de l’évolution du budget de la présidence, en constante augmentation ces dernières années. « Le président démocratiquement élu disposait de 12 milliards de FCFA. En 2022, ce budget est passé à 16 milliards, à 15 milliards en 2023, et à 17,5 milliards en 2024. Cette année, il atteint 17,7 milliards », détaille-t-il. Une progression qu’il juge excessive au regard des difficultés économiques traversées par le pays.
Au-delà du budget présidentiel, le responsable de la société civile pointe du doigt d’autres dépenses qu’il considère injustifiées, notamment celles du Conseil national de transition, doté de 16 milliards de FCFA. « Ils en font quoi ? », s’interroge-t-il, suggérant que l’effort budgétaire pourrait être mieux réparti.
Quant aux ressources naturelles, censées constituer une manne pour l’État, elles restent une source de frustration. « Le Président lui-même a dit que le lithium allait nous rendre milliardaires. Sommes-nous sur cette voie ? », questionne-t-il, exprimant des doutes sur la gestion des revenus miniers.
« Personne n’est d’accord. Les gens n’ont plus rien, ils ne travaillent plus à cause des coupures d’électricité. Et malgré cela, on veut encore leur prendre le peu qu’ils gagnent ? C’est inacceptable », tranche-t-il.
Dans un pays où la précarité s’accentue, cette nouvelle taxe pourrait être la goutte de trop. « Acculée, la chèvre peut mordre », prévient-il, laissant entendre que la colère populaire pourrait s’exprimer avec plus de vigueur dans les jours à venir.
Seydou Fané
Sauf autorisation de la rédaction, la reproduction, même partielle, des articles de Bamakomatin.com est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.