Le vendredi 7 février, le Président du Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) de Fana Moussa Mariko a accordé une interview à Bamakomatin.com. À travers cet entretien, il revient sur le rôle et les objectifs de son organisation, la situation sécuritaire, politique et économique du pays. Il répond aussi aux critiques formulées à l’encontre du CDM et se prononce sur une éventuelle candidature du Général Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle.
Pouvez-vous nous parler du CDM et de son rôle actuel ?
Le CDM, comme son nom l’indique, est une association créée pour la défense des militaires. Quand on parle des militaires, on parle du pays, parce qu’il n’y a pas de pays sans sécurité. La sécurité est maintenue par les militaires. Ce collectif est donc là pour être un bouclier et protéger nos forces de défense.
Le rôle actuel du CDM est de défendre la patrie, comme je viens de le dire. Tout ce qui est mauvaise parole sur nos militaires, nous sommes là pour lutter contre cela, ainsi que contre les actes de déstabilisation venant de n’importe où. De plus, nous nous opposons à ceux qui cherchent à démoraliser nos forces de sécurité. Le CDM est également là pour soutenir toute idée visant à développer le pays.
Certains accusent le CDM de ne disposer d’aucun document officiel et de servir les intérêts des militaires au pouvoir. Quel est votre avis sur ces accusations ?
Ces gens ne se sont tout simplement pas renseignés sur la réalité. Le CDM est une association qui dispose de ses récépissés, dont le numéro est 0859/G.DB-CAB. S’ils veulent faire des recherches sur le CDM, ils n’ont qu’à le faire. Cette association a été créée légalement.
Le CDM n’est pas seulement au service des militaires. Il est au service de la nation, tout comme les militaires le sont. Nous partageons donc la même vision et la même mission : défendre la patrie. C’est pourquoi nous défendons les militaires, car nous savons qu’ils protègent la nation et assurent sa sécurité. Dans cette optique, tout bon citoyen doit se mettre au service des militaires.
Avant l’arrivée des militaires, nous n’avions pas de pays. Tout le monde est d’accord sur ce point. Alors, pourquoi ne pas soutenir ceux qui ont permis la récupération de la majeure partie du territoire ? Prenons l’exemple de Kidal, Aguelhoc et Tinzaouatène : ces territoires étaient perdus depuis plus de trente ans. La rébellion ne date pas d’aujourd’hui. Qui a trouvé une solution à ce problème ? Qui nous a débarrassés de ces colonisateurs ? Ce sont les militaires. Voilà pourquoi nous sommes obligés, et pas seulement le CDM, mais tout bon Malien, de soutenir les militaires.
Comment analysez-vous la situation politique, économique et sécuritaire du Mali actuellement ?
Tout le monde sait que la situation sécuritaire du pays s’est améliorée. Comme je l’ai dit, la majeure partie du territoire national a été récupérée. Nous sommes dans une guerre asymétrique, ce qui rend la sécurité totale difficile à atteindre dans l’immédiat, compte tenu de l’état dans lequel le pays se trouvait. Mais on peut dire que 85 % du travail a été accompli.
Sur le plan économique, il est évident que dans un pays en guerre, l’économie ne peut pas être équilibrée, car la guerre coûte cher. Pour mener une guerre, il faut de l’argent. Cela impacte forcément l’économie du pays. Mais grâce aux efforts de nos autorités, on constate une amélioration. De nombreuses usines ont été créées, notamment dans le secteur minier, dont vous entendez parler chaque jour. Ces efforts permettent d’espérer une relance économique.
Sur le plan politique, la situation reste difficile. Nous sommes en transition, mais les politiciens ne parlent que d’élections. Pourtant, qui doit voter ? La population. Et si une grande partie de cette population est encore menacée, comment organiser une élection ? Il faut d’abord sécuriser la majeure partie du pays avant d’envisager des élections.
Quel est votre avis sur l’organisation d’une élection présidentielle pour mettre fin à la Transition ?
Actuellement, nous ne sommes pas prêts pour une élection, car la sécurité doit être la priorité. Il existe plusieurs régions où aucun politicien ne peut aller faire campagne en toute sécurité. Or, une élection nécessite que les candidats puissent présenter leurs programmes à la population.
Un leader qui n’a pas pu exposer ses idées à ses concitoyens, comment ces derniers pourraient-ils voter pour lui ? Il faut d’abord garantir la sécurité afin que les populations puissent entendre et comprendre les visions politiques des candidats. Pour moi, le Mali n’est pas encore prêt pour aller à une élection.
Que pensez-vous de la possibilité d’une candidature du Général Assimi Goïta à l’élection présidentielle ?
En tant que Collectif pour la Défense des Militaires, nous soutenons la candidature de Son Excellence le Général d’Armée Assimi Goïta. Avant d’être militaire, c’est avant tout un citoyen malien. Il a donc le droit de se présenter, comme tout autre Malien.
Propos recueillis par Mory Keïta
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