Le SYNABEF (Syndicat national des banques, assurances, établissements financiers et commerces) ne décolère pas après l’incarcération de plusieurs agents d’Ecobank, placés sous mandat de dépôt pour avoir transmis des messages Swift en conformité avec la réglementation bancaire. Un casus belli pour le syndicat, qui a annoncé une série d’actions coup de poing, dont un sit-in devant toutes les banques du pays et la suspension des transferts de garanties pour certaines structures publiques et parapubliques, dont EDM.SA.
Si cette fronde ne trouve pas d’issue rapide, c’est tout le secteur bancaire, et au-delà, l’économie malienne, qui risque d’être pris en otage.
Dans un pays où le secteur financier repose largement sur la fluidité des transactions interbancaires et la confiance des investisseurs, la mise à l’arrêt de certaines opérations pourrait avoir des conséquences dramatiques. L’arrêt des garanties pour EDM.SA, par exemple, menace directement la continuité des services énergétiques. Une panne sèche d’électricité à grande échelle n’est pas à exclure si la situation s’enlise.
Par ailleurs, la grogne du SYNABEF pourrait rapidement s’étendre à d’autres corps de métier. Une crise sociale et économique se profile à l’horizon : retards dans les paiements, perturbation des financements d’entreprises, méfiance des investisseurs… Le climat économique malien, déjà fragile, n’a pas besoin d’un tel cocktail explosif.
De son côté, le gouvernement se retrouve pris dans un étau. S’il cède à la pression du syndicat et ordonne la libération des agents détenus, il pourrait être accusé d’ingérence dans les affaires judiciaires. S’il campe sur ses positions, il risque une paralysie partielle du secteur bancaire, avec un impact direct sur la vie économique du pays.
Le SYNABEF ne semble pas prêt à reculer, et si aucune solution n’est trouvée rapidement, l’économie malienne pourrait en payer le prix fort. Une escalade du mouvement avec un blocage total des activités bancaires n’est pas à exclure.
Seydou Fané
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