Le Programme alimentaire mondial (PAM), alerte sur une crise alimentaire majeure en Afrique de l’Ouest et centrale, aggravée par un manque de financements.
Le PAM a tiré la sonnette d’alarme vendredi, indiquant qu’en l’absence de fonds suffisants, il pourrait être contraint de suspendre l’aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence à deux millions de personnes.
Les populations les plus menacées sont les réfugiés soudanais au Tchad, les réfugiés maliens en Mauritanie, ainsi que les déplacés et les familles en situation d’insécurité alimentaire au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigéria.
L’agence onusienne estime avoir besoin de 620 millions de dollars pour maintenir son assistance dans la région au cours des six prochains mois.
« La réduction globale de l’aide extérieure constitue une menace importante pour nos opérations en Afrique de l’Ouest, en particulier au Sahel central et au Nigéria », a déclaré Margot van der Velden, directrice régionale du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.
Selon une analyse régionale publiée en décembre 2024, plus de 52 millions de personnes pourraient être confrontées à une faim aiguë entre juin et août 2025. Parmi elles, 3,4 millions sont en situation d’insécurité alimentaire d’urgence (IPC-Phase 4), tandis que 2 600 personnes, principalement dans le nord du Mali, font face à une famine catastrophique (IPC-Phase 5).
La crise alimentaire en Afrique de l’Ouest et centrale est exacerbée par les conflits, les déplacements forcés, la dégradation économique et les chocs climatiques. En 2024, des inondations dévastatrices ont touché plus de six millions de personnes dans la région.
La situation devrait encore se détériorer, avec une augmentation de plus de 20 % de la population confrontée à une insécurité alimentaire extrême (phases 4 et 5 de l’IPC) d’ici juin 2025.
Le Tchad, qui fait face à un afflux massif de réfugiés soudanais, traverse sa sixième année consécutive de grave insécurité alimentaire. Entre juin et août 2025, 4,2 millions de personnes pourraient être touchées, soit une augmentation de plus de 200 % par rapport à 2020.
Au Nigéria, plus de 33 millions de personnes devraient souffrir de pénuries alimentaires pendant la même période. Le nord-est du pays est particulièrement concerné : dans les États de Borno, Adamawa et Yobe, 4,8 millions de personnes seront confrontées à une faim aiguë, contre 4,3 millions en 2023.
Face à l’urgence, le PAM collabore avec les gouvernements nationaux pour adapter sa réponse. Mais l’agence souligne que la région reste chroniquement sous-financée.
« Nous devons agir maintenant pour éviter une catastrophe humanitaire », a plaidé Margot van der Velden. « La sécurité alimentaire est aussi une question de sécurité nationale. »
Faute de ressources suffisantes, le PAM dit devoir prendre des décisions difficiles, réduisant les rations alimentaires afin de pouvoir aider les plus vulnérables.
Seydou Fané