C’est une annonce qui aurait pu surprendre, si elle n’était pas si prévisible. En quête d’une nouvelle stratégie après leurs récents revers militaires, le Front de Libération de l’Azawad (FLA) et les groupes djihadistes du Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) ont décidé d’unir leurs forces. Leur objectif est clair : Lutter contre l’Armée malienne et ses alliés, qui leur compliquent décidément la tâche.
Les groupes indépendantistes ont-ils la mémoire courte ? Il y a douze ans, en 2012, leurs prédécesseurs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avaient tenté un pari similaire. Résultat : après avoir conquis plusieurs villes du nord, ils s’étaient rapidement fait évincer par leurs propres alliés djihadistes, qui avaient profité de l’occasion pour instaurer un régime de terreur. L’histoire semble se répéter. La pression militaire exercée par les Forces armées maliennes (FAMa) et leurs partenaires russes ne laisse guère d’options aux groupes armés qui, en difficulté, semblent prêts à toutes les compromissions.
Un mariage de raison… et de désespoir
Derrière cette annonce en grande pompe, une réalité bien plus crue se dessine. Acculés sur le terrain, les groupes indépendantistes n’ont plus les moyens de mener seuls leurs opérations. Quant aux djihadistes du JNIM, s’allier avec des factions autrefois réticentes à leur idéologie relève d’un calcul pragmatique.
Mais au-delà des discours enflammés, l’avenir de cette alliance paraît bien incertain. Car si l’histoire a prouvé une chose, c’est que les intérêts des uns et des autres divergent souvent plus vite qu’ils ne convergent. Les rebelles de l’Azawad aspirent à une autonomie politique, tandis que le JNIM rêve d’un califat. Difficile d’imaginer que cette cohabitation durera plus longtemps que les précédentes.
Seydou Fané
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