La Maison Africaine de la Photographie a vibré, mercredi 26 février, au rythme des vers engagés des finalistes de la compétition nationale de slam contre les violences basées sur le genre (VBG) et pour les droits humains. Organisé dans le cadre du projet Maakun Bana (Le silence est fini), porté par l’association Jeuness’Art et soutenu par l’ambassade du Canada au Mali, cet événement a marqué l’aboutissement d’un long processus de sensibilisation par la parole.
Dans une atmosphère empreinte d’émotion et de détermination, dix jeunes slameurs, venus de différentes régions du pays, ont prêté leurs voix à celles et ceux qui, trop souvent, n’ont pas la possibilité de s’exprimer. Le premier prix a été attribué à Boua Diakité, de Koulikoro, avec une note de 33,33/40, suivi de Bintou Tankara, de Tombouctou (31,66/40), et de Moulaye Koné, de Bamako (31,5/40).
« Le slam est une arme pacifique mais percutante », a affirmé Aboubacar Camara, président de Jeuness’Art, dans son discours d’ouverture. L’association, qui fait de l’art un levier de transformation sociale, a multiplié les initiatives pour sensibiliser les jeunes aux questions des violences de genre et des droits humains.
Grâce au soutien du Fonds Canadien d’Initiatives Locales (FCIL), Maakun Bana a permis la mise en place d’ateliers d’écriture et de performance dans huit régions du pays, ainsi que le développement d’une application offrant aux victimes et témoins de VBG un espace sécurisé pour témoigner et obtenir du soutien. « Nous avons reçu une soixantaine de témoignages, preuve que notre solution innovante fonctionne », s’est félicité M. Camara.
Mawiya Abdourahamane, chargée d’affaires de l’ambassade du Canada, a insisté sur le soutien international à ce combat. « Nous devons continuer à sensibiliser, à éduquer, à protéger et à donner la parole à celles et ceux qui souffrent en silence », a-t-elle déclaré, rappelant que le Mali faisait partie des onze pays bénéficiant du soutien du FCIL cette année.
Ce fonds, qui existe depuis plus de cinquante ans, finance des projets locaux axés sur la gouvernance inclusive, les droits humains, l’environnement et l’autonomisation des femmes et des filles. « Les initiatives comme Maakun Bana montrent combien l’art peut être un puissant outil de changement » a indiqué la diplomate.
La finale de ce concours a été le point d’orgue d’un long travail de sensibilisation. À travers leurs textes, les jeunes slameurs ont dénoncé les injustices, interrogé les responsabilités et appelé à une société plus juste. « Ils refusent d’être complices du silence », a insisté Aboubacar Camara.
Au-delà de cette soirée de clôture, l’enjeu est de prolonger la dynamique enclenchée. « Ce soir, nous ne faisons pas que célébrer des talents, nous portons un message fort : plus jamais de silence face aux violences », a conclu le président de Jeuness’Art.
Seydou Fané