Alors que l’organisation État islamique (Daech) continue de tirer profit de l’instabilité au Moyen-Orient, notamment en Syrie après la chute du régime de Bachar Al-Assad, deux hauts responsables de l’ONU ont mis en garde, lundi, contre son influence croissante en Afrique. Selon eux, la capacité du groupe terroriste à organiser des opérations de déstabilisation sur le continent est en nette progression.
Natalia Gherman, cheffe de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a souligné que Daech, via ses groupes affiliés, constitue désormais « la menace la plus importante pour la paix » sur le continent africain. Le groupe exploite les conflits en cours et l’instabilité régionale pour recruter, attaquer des infrastructures civiles et étendre son influence.
« L’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) en est un exemple frappant. Il instrumentalise la précarité dans la région pour enrôler des enfants, orchestrer des enlèvements et cibler des écoles ainsi que des hôpitaux. Dans le Sahel et le bassin du lac Tchad, les opérations décentralisées de Daech se multiplient, tandis que la coopération régionale s’affaiblit », a alerté Mme Gherman.
En 2024, la DECT a mené plusieurs missions d’évaluation en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Malawi, en Mauritanie et en Tanzanie afin d’analyser l’application des résolutions onusiennes de lutte contre le terrorisme. Ces missions ont révélé des « lacunes persistantes », notamment en matière de contrôle des frontières et de lutte contre le financement du terrorisme.
Face à la nature transnationale des activités de Daech, la cheffe de la DECT a insisté sur la nécessité d’un renforcement de la coopération régionale. Elle a également souligné l’importance de stratégies intégrées, incluant des poursuites judiciaires efficaces, des programmes de réhabilitation et de réinsertion sociale.
Parmi les initiatives en cours, Mme Gherman a mentionné des efforts pour améliorer les conditions de réhabilitation en milieu carcéral et promouvoir l’insertion socioéconomique des jeunes vulnérables, cible privilégiée du recrutement terroriste.
Elle a mis en avant l’adoption récente des « Principes directeurs de l’Algérie », un cadre non contraignant visant à prévenir l’utilisation des technologies financières à des fins terroristes. « Ces principes encouragent une approche globale et fondée sur les risques, fournissant aux États membres des recommandations pratiques pour renforcer leurs dispositifs de sécurité financière », a-t-elle ajouté.
Seydou Fané
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