Sortie d’une guerre sanglante contre une coalition rebelle/EI avec le soutien de son allié Russe, le président Syrien Bahar Al Assad a été rattrapé et vaincu par ses adversaires d’hier après 11 jours d’affrontement acharné entre les forces gouvernementales et les rebelles. Saluée par une explosion de joie dans le pays, l’onde de choc de la défaite de celui qui a remplacé son père à la tête de l’Etat Syrien s’est propagée à travers le monde. Au-delà des commentaires, cette chute ne manquera pas de susciter des craintes fort justifiées au Sud du Sahara.
« Chute de l’un des axes du mal » ; « Président sourd aux aspirations légitimes de son peuple ». Ces commentaires émanant de plusieurs chancelleries occidentales traduisent le soulagement de nombreux pays pour lesquels, le désormais ancien président Syrien était devenu un partenaire et un allier embarrassant. Ainsi, il n’est pas exagéré de dire que la fin de 5 décennies de règne des Bachar (père et fils) ouvre une nouvelle page des relations entre la Syrie et le reste du monde. Pourtant, cette nouvelle ère qui s’annonce est porteuse de craintes mais aussi d’espoir suivant les objectifs et l’orientation du pouvoir des nouveaux maîtres du jour que certains pays qualifient de terroristes.
En Afrique, particulièrement au sud du Sahara, la situation en Syrie est une préoccupation majeure car elle rappelle les évènements qui ont conduit à la chute de Kadhafi qui ont exacerbé la crise sécuritaire dans la zone des trois frontières. Comparaison n’est certes pas raison. Cependant, la connivence entre les groupes rebelles et djihadistes n’étant qu’un secret de polichinelle, la menace d’une exacerbation de la crise sécuritaire à cause d’une prolifération des armes n’est pas à écarter. Aussi, les pays du continent doivent suivre avec une attention particulière l’évolution de la situation Syrienne pour éviter d’être pris au dépourvu pour une seconde fois. L’autre enseignement à tirer de la chute de Bachar Al Assad, est la récurrence de la violence autour du pouvoir assortie d’une instabilité sociopolitique permanente.
Dans un monde confronté à la réduction drastique des ressources naturelles et aux effets dévastateurs de changement climatique, l’accès au pouvoir est-il devenu le seul rempart contre la précarité ? Au regard de l’acharnement des uns et la détermination à garder le pouvoir contre vent et marrée, c’est la question que l’on peut se poser. Quoi qu’il en soit, à l’issu des conflits, le sort du peuple ne connait aucun changement notable.
Bakary Sangaré