Malgré des avancées, l’égalité entre les sexes dans les sphères du pouvoir politique demeure un horizon lointain. Selon les données publiées mardi par l’Union interparlementaire (UIP) et ONU Femmes, les hommes restent au moins trois fois plus nombreux que les femmes au sein des gouvernements et des parlements.
Si la proportion de femmes élues au sein des assemblées nationales a progressé de 0,3 point en un an, atteignant 27,2 %, la part de celles occupant des postes ministériels a reculé de 0,4 point, s’établissant à 22,9 % au 1ᵉʳ janvier 2025. Des chiffres qui illustrent la lenteur des progrès vers la parité en politique, malgré les engagements affichés par de nombreux États.
Ces conclusions, issues de l’édition 2025 de la carte Femmes en politique, interviennent alors que s’ouvre à New York une nouvelle session de la Commission de la condition de la femme, dans un contexte marqué par le 30ᵉ anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Ce cadre historique des Nations unies avait défini une feuille de route ambitieuse en faveur de l’égalité des sexes et des droits des femmes.
« La lenteur des progrès en matière de représentation des femmes au sein des parlements est alarmante, surtout après une année marquée par de nombreux scrutins », s’inquiète Tulia Ackson, présidente de l’UIP. Elle dénonce un « échec systémique » des efforts visant à promouvoir la parité et appelle à des « mesures fortes » pour briser les obstacles structurels qui freinent l’accès des femmes aux responsabilités politiques.
Son secrétaire général, Martin Chungong, insiste sur l’importance de l’implication des hommes dans ce combat : « L’accélération des progrès nécessite leur participation active et leur soutien. »
Même constat du côté de Sima Bahous, directrice exécutive d’ONU Femmes, qui estime qu’il est impensable « d’accepter un monde où la moitié de la population est systématiquement exclue de la prise de décision ». À ses yeux, des solutions existent – quotas, réformes électorales, volonté politique – mais elles peinent encore à être mises en œuvre à grande échelle.
Seuls 25 pays dans le monde sont dirigés par des femmes, dont 12 en Europe, qui demeure la région la plus avancée en la matière. L’année 2024 a toutefois marqué des tournants historiques, avec l’élection des premières présidentes en Macédoine du Nord, au Mexique et en Namibie. Mais ces progrès masquent une réalité persistante : 106 pays n’ont encore jamais été dirigés par une femme.
En matière de gouvernance, le nombre de femmes ministres a diminué dans 64 pays, tandis qu’il a progressé dans 62 et stagné dans 63 autres. Seuls neuf pays – essentiellement européens – affichent une parité gouvernementale avec au moins 50 % de femmes à la tête des ministères. Parmi eux, le Nicaragua (64,3 %), la Finlande (61,1 %), l’Islande et le Liechtenstein (60 %), ou encore l’Espagne et le Royaume-Uni (50 %).
Un recul notable par rapport à 2024, où 15 pays avaient atteint cet équilibre
Au-delà du nombre, la répartition des ministères confiés aux femmes reflète encore des biais de genre persistants. Elles sont majoritairement nommées à la tête des ministères en lien avec l’égalité des sexes, les droits humains ou les affaires sociales. En revanche, les postes régaliens – affaires étrangères, finances, intérieur, défense – restent largement occupés par des hommes.
Quelques évolutions se dessinent néanmoins : les femmes sont de plus en plus présentes à la tête des ministères de la culture (35,4 %), de l’éducation (30,6 %) et du tourisme (30,5 %).
Mais ces progrès sectoriels ne sauraient masquer l’ampleur du défi à relever. Si des avancées sont observées dans certaines régions – Europe et Amérique du Nord (31,4 % de femmes ministres), Amérique latine et Caraïbes (30,4 %) –, d’autres restent largement en retrait, à l’image des îles du Pacifique (hors Australie et Nouvelle-Zélande) avec 10,2 %, ou encore de l’Asie centrale et du Sud, où ce taux chute à 9 %.
D. Diarra