Après deux rendez-vous manqués avec le retour à la vie constitutionnelle, la transition malienne est dans la dynamique d’une nouvelle rallonge diversement accueillie par l’opinion nationale. D’une course de vitesse, le pays est en passe de s’aligner sur la ligne de départ d’un marathon au parcours jonché d’embuches dont la bipolarisation de la population autour de la transition, la crise énergétique, la hausse des prix et dans la moindre mesure, la fixation d’un nouveau délai assorti d’un chronogramme consensuel. Dans un climat marqué par ces nombreux défis, le pari de l’union et de la cohésion, gage de l’atteinte des objectifs demeure une priorité.
Malgré les apparences et les discours rassembleurs, le fossé se creuse entre les Maliens. Outre, les crises sécuritaire et énergétique, la division des Maliens entre pro et anti-transition gagne en proportion. Après plus de trois ans de transition, cette division est devenue un défi qui résiste à toutes les solutions préconisées pour restaurer la cohésion sociale et drainer les esprits et les cœurs vers les objectifs communs dont la réalisation est vitale pour le pays. Comme si le peuple tout entier s’était lancé dans une opération de règlement de compte, chacun et chacune porte son coup de canif sur le tissu social largement entamé par la rigueur du quotidien tout en prêchant l’unité. A la faveur de la transition, bon nombre de nos concitoyens, sous prétexte de soutenir les autorités, se sont spécialisés dans le dénigrement, la provocation et la diffusion de fausses informations. Croyant rendre service à la transition, les auteurs, hélas nombreux de cette pratique en pleine expansion à laquelle le pouvoir en place n’est pas insensible font grossir le rang des frustrés tout en réduisant la portée des initiatives visant à rapprocher les maliens.
La transformation des espaces de dialogue et d’échanges sur les sujets de préoccupations nationales, en tribune où leaders d’opinions, hommes politiques et personnalités du monde des affaires sont fustigés, suscite des interrogations sur la sincérité de la volonté de trouver des solutions maliennes aux maux qui rongent le pays. Au-delà des efforts fournis dans le domaine des reformes et de la lutte contre le terrorisme en passant par la reconquête de la souveraineté, la réalisation de l’unité des Maliens reste un défis majeur qui menace l’atteinte des objectifs. Les salles bondées des rencontres sur des sujets concernant la nation toute entière est l’arbre qui cache sans nul doute la forêt, au regard de la persistance de la division après ces nombreux rendez-vous. Malgré les salles bondées des rencontres organisées à l’échelle nationale pour recoudre le tissu social, la division se porte comme un charme.
La persistance de cette division est telle que certains observateurs estiment qu’elle est la seule chose qui fait l’unanimité au Mali. La dissension qui entoure les grandes rencontres et l’accueille des recommandations inclinent à penser que les participants ne sont pas l’incarnation effective du peuple qui s’exprime à travers ses leaders. Pour paraphraser un ancien président Africain, la paix n’est pas un vain mot. La restauration ou le raffermissement de la paix exige une volonté politique mais aussi un devoir de retenu pour chaque citoyen. Les calculs politiciens sous-tendus par la violence verbale et la stigmatisation d’une partie de l’opinion nationale ne militent pas en faveur de l’atteinte des objectifs que s’est assigné la transition dont la restauration de l’unité et la cohésion constituent des priorités.
B. Sangaré