L’armée soudanaise a repris le palais présidentiel de Khartoum, le 21 mars 2025. Une avancée militaire qui fait figure de coup d’éclat, mais qui ne change rien à la réalité du terrain. Deux ans après le début du conflit, le pays s’enfonce dans le chaos, et la population continue de payer le prix fort.
Depuis des mois, l’armée soudanaise accumulait les revers. Ce vendredi, le général Abdel Fattah al-Burhane a enfin eu son moment de gloire : ses forces ont repris le palais présidentiel, symbole du pouvoir à Khartoum. Un succès stratégique ? Pas vraiment. Certes, la victoire galvanise les troupes loyalistes, mais les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemetti, tiennent toujours de vastes zones du pays. Khartoum reste un champ de ruines disputé, Omdourman est sous tension, et à l’ouest, la ville d’El-Facher, épicentre des combats au Darfour, est au bord de l’implosion.
Pendant ce temps, la population soudanaise survit sous les bombes. La guerre a jeté des millions de civils sur les routes, les privant de tout : nourriture, soins, espoir.
Reprendre un bâtiment ne signifie pas reprendre le contrôle d’un pays. La vérité est plus crue : le Soudan est en miettes. Plus d’administration, plus d’État fonctionnel, juste des factions qui s’affrontent pour des lambeaux de pouvoir. Et dans l’ombre, d’autres jouent leur partition.
La Russie, via la nébuleuse Wagner, finance les FSR et se gave sur les mines d’or du pays. L’Iran avance ses pions pour renforcer son influence. L’Égypte et le Tchad surveillent la situation avec inquiétude, tandis que les monarchies du Golfe parient discrètement sur certains camps. Résultat : le conflit se complexifie, et le Soudan devient un terrain d’expérimentation pour toutes les ambitions géopolitiques du moment. Pendant ce temps, le pays s’effondre. Les trafics en tout genre prospèrent. Les civils trinquent.
L’armée soudanaise peut accrocher son drapeau sur le toit du palais, cela ne ramènera pas la paix. Trois urgences s’imposent : stabiliser les zones reconquises, déployer une aide humanitaire massive et entamer un dialogue politique crédible.
Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Dans les camps de réfugiés, des millions de Soudanais attendent une aide qui n’arrive pas. Dans les hôpitaux, les soignants tentent de sauver des vies sans médicaments. Dans les écoles détruites, les enfants sont privés d’avenir.
B. Sangaré