Deux ans après le début de la guerre civile, les violences sexuelles commises par les Forces de soutien rapide au Soudan sont décrites dans un rapport glaçant, documentant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Amnesty International a publié ce lundi 14 avril, un rapport accablant intitulé “They raped all of us”, rassemblant les témoignages bouleversants de femmes et de jeunes filles victimes de violences sexuelles systématiques au Soudan. Ces exactions, attribuées aux Forces de soutien rapide (FSR), constituent selon l’organisation des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.
Le rapport, fruit d’enquêtes menées dans différentes régions du pays, documente plus de trente cas de viols, d’esclavage sexuel et de tortures. À Nyala, dans le sud du Darfour, une femme a été attachée à un arbre avant d’être violée en public par un soldat des FSR. À Khartoum, une autre victime témoigne d’un mois entier de captivité, rythmée par les viols quotidiens et les privations. Certaines des survivantes n’avaient que 15 ans.
Le conflit armé, déclenché le 15 avril 2023 après l’implosion de l’alliance entre le général Abdel Fattah al-Burhan (Forces armées soudanaises) et Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti » (FSR), a plongé le pays dans le chaos. Depuis, plus de 11 millions de personnes ont été déplacées et 24,6 millions souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
Selon Amnesty, les violences sexuelles sont utilisées comme une stratégie militaire : pour humilier, terroriser, contrôler ou forcer des déplacements de populations. L’organisation alerte sur leur caractère systématique et organisé. Le sentiment d’impunité est renforcé par l’absence totale de soins, de justice ou même de possibilité de plainte pour les victimes.
« Le monde détourne le regard », accuse Amnesty, qui pointe la faiblesse des réponses internationales, l’insuffisance de l’aide humanitaire et le rôle de certains pays dans la poursuite du conflit. La Chine, la Russie, la Turquie ou encore les Émirats arabes unis sont mentionnés pour leur implication dans le commerce d’armes, certaines étant détournées vers les FSR.
En outre, la suspension de 83 % des programmes de l’USAID, annoncée début 2025, porte un coup sévère à l’accès aux soins, en particulier pour les victimes de violences sexuelles.
Les survivantes réclament que les coupables soient jugés. « Les femmes ne dirigent pas cette guerre et n’y participent pas, pourtant ce sont elles qui en souffrent le plus », déclare une femme violée à Omdurman cité dans le rapport de l’Amnesty international.
Seydou Fané