Bamako, la capitale malienne, est le théâtre d’une nouvelle tendance juvénile qui suscite inquiétude et indignation. Ces derniers jours, des groupes WhatsApp sous le nom provocateur « Ton gars peut être mon gars » ou « Ton père peut être mon sugar Dady » ont fait leur apparition, perturbant la vie des couples et provoquant des tensions au sein des familles.
Cette pratique, qui s’inscrit dans un phénomène plus vaste de surveillance sociale, consiste à créer des groupes où les jeunes filles ajoutent d’autres membres afin de partager des photos de leurs partenaires. L’objectif : s’assurer de leur loyauté en débusquant d’éventuels comportements infidèles. En quelques jours, certains de ces groupes ont atteint des effectifs de plus de 900 membres, attirant l’attention sur la façon dont la technologie peut alimenter la méfiance et la jalousie.
Les conséquences de cette mode ne se sont pas fait attendre. De nombreux témoignages évoquent des situations problématiques dans des unions légales. Des femmes auraient ainsi découvert des photos de leurs pères, maris ou fiancés dans ces groupes, faisant naître sentiments de trahison et conflits familiaux. Une source anonyme rapportait même que des audios et des images circulant dans ces groupes avaient exacerbé la douleur de certaines victimes, mettant en péril la stabilité de leur foyer.
D’autres internautes se sont également retrouvés au cœur de controverses malgré eux. Un jeune homme a fait état de son expérience, affirmant avoir été frauduleusement mentionné dans ces groupes, où plusieurs adolescentes affirmaient être en couple avec lui. Après avoir tenté de contacter ces jeunes filles, il a découvert qu’elles ne le connaissaient pas et a été bloqué par la plupart.
Les cibles de ce phénomène sont souvent des mineurs, la majorité des membres de ces groupes étant âgés de 14 à 17 ans. Face à cette situation alarmante, plusieurs influenceurs maliens se sont exprimés sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette dérive. Ils soulignent que ces pratiques peuvent avoir des conséquences graves, tant sur la réputation des individus que sur la paix au sein des couples et des familles.
Ce nouveau phénomène pose la question de la responsabilité des plateformes de messagerie et de la nécessité d’une réflexion collective sur les usages d’Internet et les valeurs qui devraient guider les interactions au sein de la jeunesse. À Bamako, comme ailleurs, il semble urgent de sensibiliser les jeunes sur les conséquences des rumeurs et des partages d’images, dans un monde où la frontière entre vie privée et exposition publique devient de plus en plus floue.
A.T