Le Niger poursuit son recentrage stratégique en matière de sécurité nationale. Après avoir annoncé son retrait de la Force multinationale mixte (FMM), coalition régionale créée en 2015 pour lutter contre Boko Haram, les autorités nigériennes ont renommé l’opération militaire menée dans la région de Diffa, rebaptisée « Nalewa Dole », a rapporté la chaîne publique Télé Sahel samedi 30 mars.
Cette décision s’inscrit dans une volonté de renforcer la gestion autonome de la sécurité nationale, alors que la FMM, qui regroupe le Cameroun, le Niger, le Nigéria, le Tchad et le Bénin, fait face à des critiques croissantes. Son efficacité est mise en cause par plusieurs de ses membres, notamment le Tchad. En novembre 2024, N’Djaména avait publiquement dénoncé « le manque de coordination » au sein de la coalition, affirmant mener seule l’opération « Haskanite » contre BokoHaram.
Depuis sa création, la FMM a eu pour objectif de mutualiser les efforts contre les groupes jihadistes sévissant dans le bassin du lac Tchad. Mais ses limites apparaissent désormais au grand jour. Dès 2015, le Niger et le Tchad avaient déjà suspendu leur participation, pointant du doigt « l’incapacité du Nigéria à contenir les groupes terroristes sur son territoire ».
Dans un contexte régional de tensions et de remaniements stratégiques, la décision de Niamey de se retirer de cette structure vise à donner plus de latitude aux forces armées nigériennes. Selon Télé Sahel, l’objectif affiché est de mieux protéger les infrastructures stratégiques et d’assurer la sécurité des populations sur le territoire national.
Sur le terrain, la situation est restée stable au cours des dernières 72 heures, selon les autorités nigériennes. L’armée affirme poursuivre ses efforts pour contrer les menaces transfrontalières et renforcer sa présence dans les zones sensibles. Dans le cadre de ses actions en faveur des populations locales, elle a organisé une distribution gratuite de kits alimentaires à destination des communautés vulnérables de Diffa, à l’occasion du mois de Ramadan.
Cette refonte stratégique intervient alors que Niamey multiplie les concertations avec ses voisins. Le ministre nigérien des affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a récemment reçu l’ambassadeur du Nigéria à Niamey, Mohammed Sani Usman, afin de discuter des dispositifs de contrôle aux frontières et des défis sécuritaires communs.
Dans un Sahel en proie à des bouleversements géopolitiques, la posture du Niger témoigne d’une volonté de maîtriser son destin sécuritaire. Reste à voir comment se répercutera cette décision sur la dynamique régionale de lutte contre le terrorisme.
D. Diarra