Sur les 39 conflits examinés par le conseil Norvégien des réfugiés, 10 des plus négligés se trouvent en Afrique. Cet examen basé sur les critères de la couverture médiatique, du financement humanitaire et de la volonté politique internationale est un signal fort envoyé aux dirigeants et leaders d’opinions du continent qui, face aux défis qui assaillent bon nombre d’Etats s’illustrent par des pressions assorties de sanction et de lamentation sous prétexte de manque de moyen.
La présence de 9 pays Africains sur 10 dans le classement des conflits négligés dans le monde à l’issu d’une analyse effectuée par le conseil Norvégien des réfugiés rappel l’inégalité du traitement des défis qui assaillent le monde par la communauté internationale. Cette pratique qui ne date pas d’aujourd’hui est amplifiée par une explosion du nombre de conflits sous-entendu par les effets du changement climatique et la crise économique qui n’épargne aucun pays. Contrairement aux conflits entre la Russie et l’Ukraine d’une part et celui entre le Hamas et Israël portés à bout de bras par la communauté international, la situation plus que préoccupante du Sahel dont la plus part des pays est confronté à une crise multiforme fait l’objet d’une négligence frisant le mépris. La pluie de dollars et d’Euro qui tombent sur l’Ukraine, tout comme les tonnes de vivre massés aux portes de Gaza fruits d’une mobilisation sans précédente de la communauté internationale symbolisent les deux visages de la solidarité mondiale, tiède pour certains et bouillonnante pour d’autres. Abandonnant les réfugiés et déplacés internes des pays du Sahel dirigés par des militaires aux mains des organisations humanitaires dépourvues de ressources conséquentes, la communauté internationale s’illustre au Sahel par la publication de rapports accablants sur les violations des droits de l’homme et les pressions de toutes natures pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. C’est n’est donc pas une surprise si le Mali et le Burkina avec une augmentation alarmante des déplacés se trouvent dans le top 5 du classement des conflits négligés. Loin de s’inspirer de la mobilisation dont les conflits Hamas-Israël et celui de Russie-Ukraine font l’objet, les organisations sous-régionales et régionales tout comme les leaders d’opinion du continent persistent dans la logique de la pression et de la sollicitation de l’aide extérieure.
Et les médias? Ils s’investissent plutôt à mobiliser les soutiens autour des régimes de transition parfois au mépris de la préservation de la cohésion sociale au lieu d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la souffrance des déplacés et réfugiés et l’ampleur du drame que les pays confrontés au terrorisme traversent. Au regard du nombre de foyers de tensions et la persistance de l’instabilité politique, on peut dire sans exagération que le contient brûle tandis que organisations régionales, sous-régionale et responsables politiques se préoccupent de la mise en œuvre des agendas personnels ou corporatistes. De quoi s’interroger sur le sens des discours Panafricanistes et sur l’aboutissement du vent de révolte qui souffle sur le continent. La négligence des conflits en Afrique, au-delà des questionnements qu’elle suscite sur la nature de la solidarité mondiale, rappelle la nécessité, voire l’urgence des réformes majeures des organisations et un engagement sincère des leaders politiques et d’opinions pour assurer une prise en charge des défis à travers la mutualisation des ressources avant de compter sur l’aide extérieure qui, quel que soit sa provenance restera un piège.
Bakary Sangaré