Dans un passé récent, les camps de réfugiés ou de déplacés, les écoles, centres hospitaliers, les édifices religieuses étaient les endroits les plus sûrs pour les populations confrontées aux conflits armés, catastrophes naturelles et à toute forme de violence pouvant constituer une menaces contre leur intégrité physique. Aujourd’hui, ces sanctuaires sont devenus des pièges mortels à cause de l’aveuglement des parties en conflits , mais et surtout de l’incapacité feinte ou réelle des organisations mondiales, régionales et sous régionales à imposer le respect des droits internationaux ratifiés par toutes les nations . Vers quel saint les plus vulnérables pourront-ils se tourner ?
Constamment visés par des tirs et des incursions des seigneurs de guerres, les sanctuaires qui étaient jadis des espaces de sécurité pour les populations en détresse sont devenus des pièges mortels. Les camps de réfugiés et de déplacés, les écoles, les centres hospitaliers, les édifices religieuses ne protègent plus contre la violence aveugle des belligérants au mépris de la morale et des lois. Il n’est pas exagéré de dire que le champ de bataille ne connait plus de limite et que le combattant et la population civile ne font plus qu’un.. Prises entre deux feux, les populations civiles sont traquées jusque dans les endroits censés être épargnés, d’abord au nom de la morale et par respect des lois qui protègent les personnes en détresse ou en période de conflits.
Le nombre hallucinant des victimes suite aux tirs et incursions dans les sanctuaires est certes choquant, cependant il ne suscite qu’emotion et vague de condamnation de la part des grandes puissances et des organisations vers lesquelles se tourne le regard des « faibles » dans la détresse. Face au nombre de victimes qui s’accroît au gré de l’humeur des partis en conflits, les grandes puissances et les organisations, l’ONU en tête, s’illustrent par des dons de vivres, de médicaments, d’équipements et un ballet diplomatique pour négocier une hypothétique trêve en vain en fermant les yeux sur les fournisseurs d’armes qui alimentent le conflit dans les deux sens. Collusion d’intérêts, agenda caché ou impuissance ? Quoi qu’il en soit, leur responsabilité est pleine et entière dans les désastres humanitaires qui frappe les peuples.
Médiateurs et fournisseurs d’armes et de munitions, il n’est étonnant que l’évocation des grandes puissances et des organisations n’entame en rien la détermination des partis en conflit de poursuivre leur œuvre dévastatrice. Signe d’une déshumanisation, la violence des conflits et surtout le non respect de toutes les lois qui protègent les civils jettent le doute sur les raisons évoquées pour justicier les conflits et la sincérité des organisations sensées prévenir les situations potentiellement conflictuelle ou à défaut , mettre à l’abri les populations civiles. L’exemple du Soudan, de Palestine entre autres illustrent l’ambivalence de la communauté des grandes puissances. Conciliantes avec Israël, spectatrices face aux belligérants du Soudan et résolument engagées auprès de l’Ukraine, latitude des grandes puissances et des responsables a jeté le discrédit sur toutes les organisations et fragilisé les mécanismes de gestion pacifique des conflits. L’impartialité exigée par leurs rangs et attributions, semble s’évaporer devant les intérêts particuliers . Sans risque de se tromper, on peut soutenir que l’engagement des organisations et des grandes puissances est fonction de la valeur marchande que représente les parties en conflit . A tort ou à raison, une proportion non négligeable de l’opinion internationale les accuse d’instrumentalisés les organisations mondiales voire régionales et sous régionales.
Face à la violence généralisée et au mépris récurrents des droits internationaux, la nécessité, mieux l’urgence de la réforme des institutions mondiales , régionales et sous régionales s’impose de jour en jour afin de mettre fin à leur instrumentalisation longtemps dénoncée à tort ou à raison par de nombreux pays. Il y va de l’avenir du monde.
Bakary Sangaré