Plus de soixante ans après les indépendances nationales et la décolonisation politique au sens formel, les États d’Afrique de l’Ouest luttent toujours pour savoir comment « décoloniser » et « africaniser » la société et la culture.
Aujourd’hui, la décolonisation a connu une forte renaissance en tant que projet politique et intellectuel dans de nombreux pays, et elle est exacerbée par les processus de démocratisation fragiles, parfois même les ruptures démocratiques, et les multiples crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest. Les crises et les insécurités dans le Sahel ouest-africain en sont un bon exemple. Au-delà des revendications politiques et territoriales, la question du savoir et de la connaissance est au cœur des luttes intellectuelles de décolonisation et des pratiques quotidiennes en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi l’Institut des sciences humaines de Bamako a servi du cadre à la tenue, du 26 au 29 juin, le 12ème colloque international des études Mandé.
Soutenu par l’ambassade de la Suède, ce colloque encourage les participants à explorer les signes et les pratiques, les discours et les processus qui pointent « vers la décolonisation du savoir et de la connaissance » et au-delà
À l’entame des propos, le DG de l’ISH a planté le décor en précisant que l’Association MANSA est une Société savante créée en 1986 par les africanistes aux USA. Pour Dr Baba Coulibaly, il s’agit de contribuer au développement des études et recherches dans tous les domaines concernant les populations vivant dans l’aire mandingue, y compris les populations non-mandéphones. A titre, elle est totalement différente de la MANSSAH (cette MANSSAH qui s’écrit avec 2 S et un H à la fin et qui occupe l’actualité en ce moment), créée par un groupe de militants panafricanistes dont Alain FOKA, ancien journaliste à Radio-France-International (RFI).
Quant l’ambassadrice de la Suède, elle déplora que la décolonisation a connu une forte renaissance en que projet politique dans de nombreux pays. « Aussi est-elle particulièrement exacerbée par les processus de démocratisation fragiles et les crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest », s’interroge la diplomate suédoise, Kristina Kühnel. Et de poursuivre que les multiples crises et insécurités dans Sahel ouest-africain en sont une illustration. À cet effet, le Colloque International des Études Mandé, dit-elle, fera le point sur ces luttes et débats, ces discours et pratiques, ces institutions et normes en matière de décolonisation des savoirs à travers l’Afrique de l’Ouest.
Intervenant à son tour, le chef du cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Ahmadou Fané, est revenu sur le rôle que la recherche académique dans le développement de nos sociétés, notamment en Afrique de l’Ouest. Ainsi, il a souligné la nécessité de revisiter et de valoriser nos savoirs endogènes pour construire une société plus inclusive et prospère.
Pour terminer, le représentant du ministre a salué l’ensemble des partenaires et d’encourager la multiplication de telles initiatives afin de mutualiser les ressources humaines et financières pour plus d’efficacité et d’efficience.
M.S