Accusée par l’immense majorité de la population, la classe politique traverse sans nul doute l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Ecartée de toutes les instances de décisions importantes pour la vie de la nation (création de l’AES, sortie de la CEDEAO et de l’accord pour la paix), elle est aujourd’hui lâchée par une proportion non négligeable de la population qui était, avant l’avènement de la transition sa compagne inséparable qui l’a a toujours mandatée malgré son échec.
L’accueil réservé à la suspension de toutes activités politiques jusqu’à nouvel ordre précédé par la dissolution de certains partis et associations à coloration politique inclinent à penser que la population s’est définitivement démarquée de la classe politique en lui faisant porter seule le chapeau de la responsabilité de tous les maux qui rongent le pays. Cependant, en jetant un coup d’œil sur les conditions d’accès au pouvoir suprême ainsi qu’aux postes de responsabilités locales, cette responsabilité amputée à la classe politique paraît collective. En effet, après la chute du régime du général Moussa Traoré, les urnes sont devenues le passage obligé pour accéder aux fonctions de président, de maires, et de députés. Toute chose qui place la population au cœur du processus de désignation des futurs responsables qui prendront en charge la destinée du pays pendant une durée déterminée au terme de laquelle, la population a la souveraineté de renouveler sa confiances aux élus ou de la retirer suivant le bilan de leur prestation. Contrairement à l’ère des régimes à parti unique ou le président sortant était toujours l’unique candidat à sa propre succession, la démocratie a, en plus des instruments de contrôle de l’exercice du pouvoir par les responsables, offert à la population un éventail de choix qui lui permet de donner son quitus aux meilleurs candidats sur la base de leur programme politique ou leur engagement dans le développement socioéconomique du pays. Au regard de ce qui précède, on peut s’interroger sur l’orientation de la colère populaire contre la classe politique dans son ensemble, dont l’échec est d’abord la sienne à travers son choix et le mauvais usage des leviers dont elle dispose. Sinon comment peut comprendre la réélection de feu IBK malgré un premier bilan jugé chaotique par l’immense majorité de la population tout comme les 10 ans accordées à ses prédécesseurs sur fond de soubresauts ? Fraudes électorales, achats de votes, élections transparentes. ? Quel que soient les moyens utilisés pour accéder au pouvoir ou s’y maintenir, ils ne sauraient aboutir dans une démocratie sans l’implication de la population dont la complicité peut être passive ou active. Aujourd’hui, face à la détérioration du pays, acteurs politiques et population doivent chacun assumer sa part de responsabilité en lieu et place de la recherche d’un bouc émissaire.
L’initiative de la refondation portée par la transition offre le cadre d’une remise en cause de toutes les pratiques néfastes qui ont conduit le pays dans l’abîme à commencer par le changement de cette mentalité qui a transformé les scrutins en une foire aux enchères ou la générosité du candidat l’emporte sur les autres considérations profitables au pays. C’est à ce prix que l’on mettra à l’abri des désillusions notre chère patrie qui a tant souffert de l’opportunisme des politiques et de la population.
B.S