Dans une déclaration qui mêle fermeté et optimisme, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop a dressé un tableau sans concession de la situation régionale. Avec la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), en rupture avec la CEDEAO, les lignes de fracture se précisent en Afrique de l’Ouest. Mais derrière l’affirmation de souveraineté, il y a des interrogations.
Le constat est limpide : il n’existe plus d’organisation représentative de l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest. Désormais, deux blocs, l’AES et la CEDEAO, cohabitent dans un contexte marqué par des divergences profondes. Cette fragmentation pose une question centrale : comment organiser la circulation des biens et des personnes entre ces deux entités ?
Le ministre malien appelle à éviter les mésententes et prône la collaboration. Pourtant, aucune réunion officielle n’a encore eu lieu pour poser les bases d’une coopération régionale.
Les autorités maliennes se veulent rassurantes. Selon le ministre, des mesures ont été prises pour protéger les intérêts des populations du Mali, du Niger et du Burkina Faso. L’objectif affiché est clair : garantir une transition sereine malgré l’hostilité de certains acteurs régionaux et internationaux.
Cependant, cette transition s’annonce difficile. Les sanctions économiques imposées par la CEDEAO et la pression diplomatique risquent de compliquer davantage la situation. Si la volonté politique semble inébranlable, les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs annoncés restent flous.
Cette déclaration illustre la posture des États membres de l’AES : un refus assumé de l’ingérence et une détermination à redéfinir les équilibres régionaux. Mais dans un contexte de crises sécuritaires et économiques, l’autonomie proclamée pourrait se heurter aux réalités.
Pour l’heure, l’absence de dialogue entre l’AES et la CEDEAO alimente des incertitudes. Si la fracture persiste, les populations pourraient en payer le prix, sur le plan économique comme sur celui de la stabilité.
À travers ce discours, le Mali affiche sa vision d’un avenir souverain. Mais cette vision, pour porter ses fruits, devra s’accompagner d’une stratégie capable de transcender les divisions. Faute de quoi, la région pourrait s’enliser dans une opposition stérile, au détriment de l’intérêt commun.
B. Sangaré
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