Après plus de trois ans de négociations laborieuses, un accord international visant à renforcer la préparation mondiale face aux pandémies a été finalisé mercredi 16 avril , au siège de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève. Ce projet de traité, salué comme « historique » par le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sera soumis à l’adoption de la 78e Assemblée mondiale de la Santé, qui s’ouvrira le 19 mai, a indiqué l’ONU.
Fruit de treize cycles de négociations entamés en décembre 2021, alors que la pandémie de COVID-19 faisait toujours rage, ce texte vise à établir un cadre juridiquement contraignant pour coordonner la réponse internationale face aux futures menaces sanitaires. Il met l’accent sur l’équité, la résilience et la coopération entre les nations.
« Les nations du monde entier ont marqué l’histoire aujourd’hui à Genève », s’est félicité M. Tedros. « En parvenant à un consensus, elles ont démontré que le multilatéralisme est vivant, et que la coopération internationale reste possible, même dans un monde profondément divisé. »
Le projet d’accord repose sur plusieurs piliers structurants : l’adoption d’une approche « Une seule santé » intégrant la santé humaine, animale et environnementale ; le renforcement des systèmes de santé nationaux ; la création d’un mécanisme financier de coordination en cas de crise sanitaire mondiale ; et la mise en place d’une chaîne logistique internationale pour assurer un accès rapide et équitable aux ressources essentielles.
Parmi les mesures phares figure également un nouveau système d’accès aux agents pathogènes, associé à un mécanisme de partage équitable des bénéfices, ainsi qu’un soutien renforcé au transfert de technologies, au partage de connaissances et au renforcement des capacités locales.
Soucieuse de répondre aux inquiétudes exprimées durant les négociations, notamment concernant une possible ingérence de l’OMS, la version finale du texte affirme la pleine souveraineté des États dans les décisions de santé publique. Il est précisé qu’aucune disposition n’autorise l’OMS à imposer des mesures telles que confinements, campagnes de vaccination ou fermetures de frontières.
Si la plupart des États membres ont participé jusqu’au bout aux discussions, les États-Unis se sont retirés du processus en janvier dernier, après leur annonce de retrait de l’OMS. Ils n’ont donc pas participé au dernier cycle de négociation et ne seront pas liés par l’accord, en l’état actuel.
Les négociateurs ont salué l’aboutissement d’un processus intense. « Ce résultat n’est pas seulement un succès diplomatique », a déclaré M. Tedros. « Il témoigne de votre résilience, de votre unité et de votre engagement indéfectible envers la santé des populations du monde entier. »
La co-présidente sud-africaine de l’Organe intergouvernemental de négociation (OIN), Precious Matsoso, a souligné la dimension profondément solidaire de l’accord : « Personne n’est à l’abri tant que tout le monde ne l’est pas. »
La co-présidente française, Anne-Claire Amprou, a insisté sur les fondations posées pour « une architecture mondiale de sécurité sanitaire plus robuste, plus équitable et plus solidaire ».
Seydou Fané