Réunis ce mercredi 15 avril 2025 à la Maison de la Presse de Bamako, plus d’une centaine de partis politiques ont animé un point de presse pour exprimer leur refus de participer aux consultations annoncées par le gouvernement concernant la relecture de la Charte des partis politiques. Une déclaration commune, lue par Oumar Ibrahim Touré, président du parti Alliance pour la République (APR), a souligné l’incompréhension et l’indignation des formations politiques face à ce qu’elles qualifient de « double discours » de l’exécutif.
Les signataires ont rappelé avoir répondu de manière constructive à la demande formulée par le ministère délégué en charge des Réformes politiques, le 19 décembre 2024, en soumettant des « propositions consensuelles » fondées sur les résolutions des Assises nationales de la Refondation (ANR). Celles-ci prônent notamment la réduction du nombre de partis politiques, la révision de leur charte, la reconnaissance du chef de file de l’opposition et la lutte contre le nomadisme politique.
Selon les partis, la logique républicaine aurait exigé que ces propositions, approuvées par la majorité des forces politiques, soient soumises au Conseil des ministres, puis transmises au Conseil national de transition. « Au lieu de cela, le gouvernement choisit de relancer un cycle de consultations, avec les Forces vives de la Nation et les Maliens de l’extérieur, sur un sujet déjà tranché », a regretté M. Touré.
Les partis dénoncent un contournement du processus institutionnel et s’interrogent sur la pertinence, la légitimité et surtout le coût de ces nouvelles concertations. « Pourquoi consulter à nouveau sur des résolutions déjà adoptées lors de l’ANR ? », questionnent-ils, estimant que cette démarche fragilise la cohérence de la transition et sape l’autorité des précédentes assises.
L’inquiétude est d’autant plus vive que, selon plusieurs acteurs politiques, ces consultations pourraient être un prélude à la suspension ou à la dissolution des partis politiques, à l’instar de ce qui s’est récemment produit au Burkina Faso et au Niger. Une hypothèse jugée incompatible avec la Constitution malienne de 2023, qui garantit expressément le multipartisme comme principe intangible, protégé de toute révision.
« Nous ne nous opposons pas à la démocratie participative. Mais nous rejetons toute tentative d’affaiblir le rôle des partis politiques, pourtant reconnus par la Constitution et par les résolutions de l’ANR », ont insisté les partis politiques dans leur déclaration.
Seydou Fané